L'amour fait rayonner, c'est bien connu !
À 11 ans, Kôsei Arima est déjà un virtuose du piano. Formé avec la plus grande sévérité par une mère qui lui inflige d’interminables séances de répétition, il écume inlassablement tous les concours nationaux, où son talent éblouit les juges. Mais le jour où sa mère meurt d’une longue maladie, il perd complètement la faculté de jouer de son instrument, victime d’un blocage psychologique.
Quelques années plus tard, son chemin croise celui de Kaori, une violoniste dont l’approche de la musique diffère totalement de la sienne...
Texte : 4e de couverture
Mon avis :
Depuis qu'il ne peut plus jouer de piano, Kôsei l'ex-prodige lauréat de nombreux prix internationaux se sent comme "une coquille vide, un écho du passé". Heureusement à ses côtés il a son amie d'enfance Tsubaki qui est aussi pleine de vie et exubérante que lui calme, réservé et dépressif ! Pour Kôsei qui voit "tout en noir et blanc", Tsubaki au contraire "m'en fait voir de toutes les couleurs depuis ma naissance", le bousculant un peu pour le sortir de sa torpeur : "Quel rabat-joie ! Pourquoi tes yeux ne brillent pas ?! C'est ça quand on est jeune ! T'auras pas deux fois 14 ans !". C'est d'ailleurs grâce à son amie que le jeune garçon va croiser le chemin de Kaori.
La scène de rencontre entre les deux musiciens est à l'image du manga : à la fois poétique et drôle. J'ai beaucoup aimé l'ambiance de l'auditorium, mélange de passion et de tension où "la musique unit tous les êtres vivants". Kaori est une violoniste mystérieuse et charismatique, et le passage de sa prestation offre de beaux portraits pleine page. Kôsei, lui aussi sous le charme ("elle est éblouissante"), se révèle touchant : il se bat avec ses souvenirs, son passé, tout en étant séduit par ce qui se dégage de la jeune fille lorsqu'elle joue - "Elle a l'air si heureuse sur scène..." Bien que ce soit un concours, Kaori ne semble pas intéressée par les résultats, seul compte le plaisir de jouer et de transmettre des émotions au public : "Je suis une musicienne, c'est ma raison d'être".
Fasciné par cette autre façon d'appréhender la musique, lui qui a subi toute son enfance les impitoyables séances de répétition de sa mère, Kôsei dévoile ce qu'il se passe désormais lorsqu'il s'installe au piano, sans pour autant apporter d'explication ("les sentiments ne sont pas quelque chose de logique". Cependant Kaori est comme Tsubaki : elle l'encourage à se bouger au lieu de se morfondre ("tu es pathétique !"), ce qui nous vaut quelques épisodes amusants où l'on voit notre pauvre héros pris en étau par les deux filles qui ne le lâchent pas ! Tsubaki est une vraie pile électrique et en même temps elle est comme une sœur pour Kôsei. A elles deux, les filles font ce qu'elles peuvent pour sortir l'adolescent de son blocage ("des excuses, toujours des excuses") et surtout de son sentiment de solitude voire de rejet. Kaori va même jusqu'à lui lancer un incroyable défi ! Un challenge qui l'engage autant que lui afin de se soutenir mutuellement, car il semblerait que la violoniste ne soit pas si sûre d'elle... A suivre !
Patricia Deschamps, juillet 2017
Tu ne vas tout de même pas abandonner avant d'avoir essayé ?
Kaori semble bien décidée à faire de Kôsei son accompagnateur officiel pour la suite du concours Towa !
Malgré le refus du jeune garçon, Kaori ne se démonte pas et finit par le convaincre de remonter sur scène.
Seul problème, et de taille : Kôsei ne s'entend toujours pas jouer... Dans ces conditions, ont-ils vraiment une chance de passer les éliminatoires ?
Mon avis :
Un peu déçue par ce deuxième épisode que j'ai trouvé lent et répétitif. La moitié du manga est consacrée aux éliminatoires du concours qui traînent en longueur, mettant à rude épreuve les nerfs des deux héros (qui suent d'ailleurs à grosses gouttes pendant tout l'épisode...). Quant aux scènes de la vie quotidienne, elles usent trop souvent à mon goût des expressions exagérées propres au genre, ce qui nuit à la qualité du dessin.
Malgré tout j'ai été sensible à la souffrance de Kôsei, qui se bat contre ses démons intérieurs pour être à la hauteur des attentes de Kaori, et à la générosité de celle-ci, déterminée à venir en aide au jeune pianiste quitte à mettre en danger sa propre réussite : "Ensemble, on va s'en sortir". Ces deux-là se complètent parfaitement - "la rigueur mécanique d'un côté, la spontanéité de l'autre". Une belle double page illustre bien ce contraste : on y voit en premier plan l'ombre de Kôsei penché sur son instrument tandis que derrière lui se dresse la violoniste tout en blanc.
Ainsi, aux côtés de Kaori, Kôsei revit ce mélange d'anxiété et d'exaltation propre à la musique. On peut même dire qu'il revit tout court. L'intrigue est rehaussée d'une pointe de suspense avec l'évanouissement de l'adolescente à la fin de sa prestation : ce n'est apparemment pas la première fois... D'autre part, la complicité naissante entre les deux musiciens semblent susciter des jalousies... A suivre !
Patricia Deschamps, décembre 2017