Verte

BD de Marie DESPLECHIN et Magali LE HUCHE

Le pouvoir de faire du rêve est à la portée de ta main.

Rue de Sèvres, 2017, 83 p.
Rue de Sèvres, 2017, 83 p.

À onze ans, la petite Verte ne montre toujours aucun talent pour la sorcellerie. Pire que cela, elle dit qu’elle veut être quelqu’un de normal et se marier. Elle semble aussi s’intéresser aux garçons de sa classe et ne cache pas son dégoût lorsqu’elle voit mijoter un brouet destiné à empoisonner le chien des voisins. Sa mère, Ursule, est consternée. C’est si important pour une sorcière de transmettre le métier à sa fille !

 

En dernier ressort, elle décide de confier Verte une journée par semaine à sa grand-mère, Anastabotte, puisqu’elles ont l’air de si bien s’entendre...

Mon avis :

Ce qui séduit en premier, c'est le graphisme aux belles couleurs pastels. Des scènes dans des grandes vignettes alternent avec des strips, ce qui donne un résultat très réussi, entre BD et album, et qui oscille entre un petit air d'antan se mariant bien avec le thème de la sorcellerie, et les préoccupations tout à fait actuelles de Verte qui veut être une fillette "normale", comme les autres. C'est selon moi le personnage d'Anastabotte, la mamie dynamique à l'esprit toujours jeune, qui représente le mieux la dualité de l'histoire.

 

Anastabotte est dotée d'une psychologie fine lui faisant comprendre que le cœur du problème est la relation un peu conflictuelle qu'entretiennent sa fille et sa petite-fille. Tout d'abord Verte ressent tout le poids de l'hérédité : "Ce qui m'énerve, c'est que je ne peux pas choisir". D'autre part, elle a toujours vécu seule avec sa mère, restée célibataire depuis qu'elle s'est séparée de son mari, et maintenant qu'elle grandit, la fillette trouve ce huis-clos pesant, d'autant qu'Ursule est "un peu étrange, elle ne ressemble pas aux autres mères". Or Verte ne veut pas changer, "surtout si c'est pour lui ressembler". Amoureuse du jeune Soufi, son camarade de classe, elle n'envisage pas de vivre seule plus tard, comme sa mère.

 

C'est sans compter sur les trésors de patience d'Anastabotte ! Celle-ci arrivera à faire comprendre à Verte que non seulement, dans son atelier de sorcière pleine de "choses répugnantes, nous fabriquons des merveilles", mais surtout qu'il est parfaitement possible de concilier ces talents particuliers avec une vie sentimentale. Elle aidera même sa petite-fille à réaliser son plus grand désir : retrouver son père... Apaisée, Verte sait désormais que "le pouvoir de faire du rêve est à la portée de sa main".

Patricia Deschamps, septembre 2017

le roman
le roman

Retrouvez Takalirsa sur Facebook, Babelio, Instagram  Youtube, Twitter et Tik Tok

Making of d'une chronique