Une saison à l'ONU : au cœur de la diplomatie mondiale

BD de Karim LEBHOUR (texte) et Aude MASSOT (dessin)

Steinkis, 2018, 160 p.
Steinkis, 2018, 160 p.

 

Tout le monde a entendu parler de l'ONU, mais combien savent exactement ce qu'elle fait et comment elle fonctionne ? Par ailleurs, 70 ans après sa fondation, difficile de dire que les Nations Unies ont rempli leur ambition de départ : maintenir la paix et la sécurité dans le monde ! Pendant quatre ans, Karim Lebhour a observé comme correspondant de presse l'impuissance du Conseil de sécurité, le recul de la domination occidentale, et l'avènement d'une nouvelle guerre froide avec la Russie ainsi que les nombreux travers et défaillances de l'ONU.

Mon avis :

C'est une collègue enseignante d'histoire qui m'a conseillé d'acheter cette bande dessinée en corrélation avec le programme de 3e. C'est effectivement un bon moyen de comprendre le fonctionnement de l'ONU, même si les informations sont denses et parfois difficiles à assimiler.

Cette entité diplomatique ("La police n'a pas le droit d'y entrer") qui a été fondée suite à la Seconde Guerre mondiale afin "d'offrir un espace de dialogue pour éviter les conflits entre États" est présentée par thèmes. Cela commence par le Conseil de sécurité, "l'organe le plus important de l'ONU", "le seul à pouvoir autoriser l'emploi de la force au nom du droit international". C'est l'occasion pour l'auteur/narrateur, qui est correspondant de presse, d'évoquer avec humour les limites du système: "Personne n'écoute vraiment les discours", "Il n'y a aucune transparence sur le processus de décision", "chaque diplomate défend l'intérêt national de son pays", ce qui génère des conflits d'opinion, entraîne l'usage abusif du droit de veto et fait de la rédaction d'un simple communiqué "un vrai casse-tête" ("Tout est affaire de nuances. Il faut peser chaque mot.")!

 

Il faut attendre la moitié du livre pour avoir un schéma concis des fonctions de l'ONU: appeler au dialogue, demander un rapport, sanctionner, envoyer des Casques bleus, autoriser une intervention armée... ou "se cantonner à apporter de l'aide humanitaire". Les fameux Casques bleus emblématiques de l'organisation ne constituent pas une armée dédiée: c'est une contribution des États membres. Les Casques bleus sont mal payés ("A ce prix-là, ils ne sont pas très combatifs"), mal entraînés et mal équipés, mais sans eux, ce serait bien pire.

On apprend ainsi plein de petites choses à partir de situations concrètes (les émeutes de 2011 en Libye, l'insurrection en Syrie, le conflit opposant Irak et Afghanistan, etc.). On découvre également des curiosités, comme la collection d'art qui se trouve au siège de l'ONU, constituée d'une multitude d'objets offerts par les États membres. Enfin, c'est l'occasion d'évoquer la vie à New York ("Une ville dans laquelle je me sens vraiment chez moi"). Il est cependant dommage que tout l'album soit monochrome, entièrement dessiné de ce bleu ciel qui caractérise le logo officiel.

 

Malgré toutes les aberrations révélées par le journaliste, on comprend que "les processus onusiens permettent d'atténuer l'intensité des conflits et de maintenir un certain degré de contrôle sur les crises internationales". Et puis cette cité dans la cité (7 hectares!) est l'occasion de "rapprocher des gens qui ne seraient jamais parlé"... C'est aussi ça, la diplomatie!

Patricia Deschamps, septembre 2021


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