Paris autour de 1850. Edouard est un étudiant à l'attitude désinvolte dont la vie se résume à des parties de cartes entre amis et des liaisons futiles. Un samedi, lors d'un bal à l'Opéra, il rencontre une jeune femme masquée qui lui tient un étrange discours qui se termine par une déclaration d'amour avant de disparaître.
Intrigué, il se rend au bal le samedi suivant, espérant retrouver son amoureuse anonyme. Celle-ci lui apparaît enfin et lui promet un amour extraordinaire à la condition qu'il change radicalement de style de vie et garde le silence sur leur liaison. Celui-ci accepte sans réfléchir et surtout sans mesurer le danger car l'impitoyable Herminie va lui faire payer sa légèreté.
L'avis de Fabien bibliothécaire :
Paru pour la première fois en 1845, Une Amazone, aussi connu sous le titre de Herminie, est un court texte d'Alexandre Dumas passé quelque peu inaperçu, l'auteur étant plus souvent célébré pour ses pavés, Les trois mousquetaires ou Le Comte de Monte-Cristo, que pour ses nouvelles. Néanmoins on aurait tort de faire l'impasse sur celle-ci tant sa lecture est jubilatoire. Si l'on met de côté la longue partie de cartes à laquelle il est difficile de comprendre quoi que ce soit (à moins de maîtriser la pratique du lansquenet, ce qui se fait rare), l'on prend un plaisir cruel à suivre les tourments du superficiel Edouard, tête à claques absolue, pensant pouvoir se jouer de l'amazone. Herminie, jeune fille forte et indépendante, élevée par son père militaire qui désirait un garçon, se révèle également être une femme fatale telle qu'on pourrait en rencontrer dans un polar à la Chandler et l'on sent bien que c'est vers elle que va plutôt la sympathie de l'auteur. Sympathie d'ailleurs ô combien partagée par le lecteur! Généralement considérée comme une curiosité dans l'oeuvre de Dumas, Une Amazone mérite vraiment d'être redécouverte.
Marie, une (très courte) nouvelle datant de 1826 qui suit Une amazone dans cette édition, est plus anecdotique mais se lit néanmoins avec plaisir.
Marie est une jeune femme enceinte tout juste abandonnée par son amant, qui tente de mettre fin à ses jours. Sauvée de justesse, elle ne peut empêcher son père de provoquer le père de son futur enfant en duel. Là encore, l'affection de Dumas envers son héroïne est évidente et celui-ci parvient à émouvoir le lecteur avec une économie de moyens remarquable. Du grand art.
Octobre 2017