Un matin de Noël, le commissaire Maigret reçoit à son domicile la visite de deux de ses voisines du Boulevard Richard-Lenoir, Mlle Doncoeur et Madame Martin.
Celle-ci élève sa nièce Colette comme sa fille. La petite est actuellement alitée à cause d'une jambe plâtrée.
Or, dans la nuit, elle a reçu la visite d'un homme déguisé en Père Noël. Il lui a donné une poupée puis a soulevé deux lattes du plancher de la chambre...
Qui est cet homme et que voulait-il ?
Mon avis :
Dans cette courte enquête en huis clos (parue en 1951), Maigret résout l'énigme qu'on lui soumet depuis son logement, tel une Miss Marple. C'est le matin de Noël et l'ambiance est particulière. Pas de neige, pas de rire d'enfant : c'est une fête un peu morose que le couple Maigret s'apprête à célébrer et c'est presque un soulagement que ces voisines qui débarquent : "On ne lui laissait pas le loisir de penser, en ce matin de Noël, au vieux couple qu'ils étaient, sans personne à gâter".
Point de meurtre dans ce quartier paisible mais une "histoire saugrenue" qui interpelle le commissaire : "Quelque chose l'avait frappé quand il était entré, qu'il essayait de définir, quelque chose dans l'atmosphère, dans l'arrangement des meubles, dans le genre d'ordre qui régnait, et même dans l'odeur". Porté par son intuition ("quelque chose de vague, d'inconsistant"), il donne des consignes à son équipe par téléphone, ne se déplace qu'une seule fois sur les lieux du "crime", cependant accueille des témoins chez lui, tandis que Mme Maigret suit discrètement les événements entre cuisine et tricot, allant de son petit commentaire par-ci par-là. Une enquête atypique donc, qui déstabilise le commissaire lui-même ("Pour la première fois, un événement se passait dans un monde proche du sien, dans une maison qui aurait pu être sa maison"). Pas de coup de théâtre dans cette enquête qui se déroule paisiblement et mène sûrement mais sans surprise à une résolution tout à fait classique.
Une nouvelle comme une parenthèse dans la carrière de Maigret mais "avoue que tu es enchanté que cette histoire soit arrivée" !
Patricia Deschamps, novembre 2017