Voici un récit dynamique mené par deux jeunes héros sympathiques, tout excités (et en même temps effrayés!) de vivre une histoire comme dans les romans qu'ils affectionnent. L'enquête avance vite, autour d'indices qui s'enchaînent et de disparitions qui se multiplient... Qui est cet élève fantôme apparu sur la photo de classe à la place d'Aristide? Et ce ver de terre géant qui se reflète dans ses yeux?! Et voilà qu'Aristide, absent de la photo, s'évapore aussi dans la réalité... "La liste des mystères s'allongeait"!

Si Victor et Leïla s'évertuent à "décortiquer chaque événement inexpliqué pour lui fournir une explication logique", la dimension fantastique du récit est indéniable puisque l'on croise des monstres de légende, tels que le Minhocão d'Amazonie (énorme ver avec une bouche dentée), le Chupacabra du Mexique ("sorte d'iguane bipède qui se nourrit du sang des animaux, des chèvres surtout") et enfin le Kraken tentaculaire, dévoreur de marins de l'océan Arctique. Mais ce qui fait vraiment peur, selon moi, c'est que tout cela se déroule dans le collège qui, de lieu familier, devient territoire de tous les dangers.

Ce qui est également intéressant dans l'intrigue, c'est qu'elle est liée au thème du harcèlement ("un second couple harceleur/harcelé"), comme le découvre le duo d'enquêteurs en se plongeant dans le passé de l'établissement (une photo de classe de 1964). L'épisode des trois épreuves ne m'a pas semblé cohérent sur le moment (pourquoi Victor est-il mis à l'épreuve par Claude qu'il souhaite l'aider?) mais l'explication vient par la suite: l'objectif de la "Trouille académie", c'est de "faire éprouver la peur à ceux qui ont l'habitude de la faire subir à leurs victimes, et vacciner ces mêmes victimes contre la peur afin qu'elles ne l'éprouvent plus de manière irraisonnée et qu'elles puissent se défendre".

Bien vu aussi le petit bonus expliquant les mécanismes de la peur dans le cerveau!

Patricia Deschamps, octobre 2021