- Camille, tu viens samedi soir ?
- Je sais pas encore.
- Tu viens. Tu vas pas encore passer ta soirée à mater tes putains de DVD. Sors de ta piaule ! Je me fais du souci pour toi.
- C'est gentil de ta part, Fred. Je te rassure, tout va bien. Moi je regarde mes films, toi tu fumes tes joints, à chacun sa came.
A 17 ans, Camille est déjà complètement désoeuvrée, désabusée par le monde qui l'entoure.
"En grandissant, on apprend à être faux-cul."
Depuis les cours soporifiques au lycée jusqu'aux SDF et autres immigrés miséreux qu'elle croise dans la rue, en passant par Kilian "Fukushima" ainsi surnommé pour les odeurs nauséabondes qu'il dégage, sans oublier son copain Fred qui noie sa souffrance dans le shit : tout pour elle est sujet à un mélange d'incompréhension et de dégoût...
"Je le regardais faire son mariole
et je me demandais où il la plaquait, sa souffrance."
Passionnée de cinéma, Camille observe les autres en silence, avec l'oeil de la réalisatrice qu'elle veut devenir. Ce sont surtout les fêtes lycéennes qui tournent à l'excès qui sont pour elle l'occasion privilégiée d'analyser ses congénères.
"Mater et être maté. La plupart du temps,
les soirées du samedi se résument à ça."
Jusqu'au jour où l'une d'elle tourne au drame...
"Dès les premières secondes du générique, déjà ça sentait la fin."
Mon avis :
Un peu "top déprime", ce livre ! Claudine Desmarteau nous propose là un roman à l'exact opposé des piques humoristiques du petit Gus et de Teen Song... C'est très déstabilisant et surtout guère exaltant...
D'autant plus que l'intrigue est inexistante... Le bouquin est une succession de saynètes et d'impressions sur le vif, écrit dans un style concis aux chapitres très courts (parfois juste un paragraphe). C'est un peu comme au cinéma en fait, puisque Camille est férue de films et passe son temps à décortiquer les scènes d'amour sordides. L'écriture adopte donc judicieusement le point de vue cinématographique de cette héroïne qui rêve de devenir réalisatrice.
Mais quel est le message derrière tout ça ? Pourquoi dépeindre une adolescence aussi nauséeuse de la vie avant même l'avoir vécue ? On n'a qu'une envie face à la jeune Camille : la secouer en lui enjoignant de profiter, bon sang !
Patricia Deschamps, février 2013