Les orques pèsent des tonnes, et pourtant, ils ne sont que des fétus de paille entre les mains des hommes. Ils ont plus lourds et plus forts que n'importe lequel d'entre eux, et ils se trouvent pourtant à la merci de leurs désirs vils et tordus.
Après son bac, Elfie se trouve un job d'été dans un parc océanographique. Très vite, on lui propose de devenir dresseuse d'orques. Un boulot de rêve, croit-elle. Elle croit aussi qu'ils sont amis, Titan et elle. Elle croit que dans ce parc, les animaux sont heureux.
Mais une autre voix alterne avec la sienne, une voix en colère présentant l'envers du décor. Ces spectacles de divertissement sont en réalité des lieux de souffrance pour les animaux : enfermement, dressage douloureux, alimentation déficiente.
Et surtout, Titan pourrait bien être une orque très connue dans le milieu sous un autre nom, une orque ayant déjà tué...
Mon avis :
Un roman bouleversant sur les conditions de (sur)vie des animaux dans les parcs aquatiques.
Les zoos, on les a tous fréquentés à un moment ou un autre. Les animaux y semblent, sinon heureux, du moins bien soignés. Or ce livre, inspiré d'une histoire vraie (regardez le reportage, il est choquant !), ouvre les yeux sur la souffrance animale qui y règne : "Ils ne pensent qu'à se faire du fric sur le dos d'êtres vivants".
Tout commence avec l'enclos des manchots, officiellement fermé au public pour agrandissement. En réalité, plus qu'une "sérieuse remise en état", le lieu se révèle outrageusement "dégoûtant". Les animaux, que la promiscuité rend agressifs, se blessent entre eux. Certains, mal formés, ne peuvent se nourrir sans aide. N'étant pas rentables, ces handicapés finissent par être euthanasiés...
Dans le bassin des orques, Titan, le mâle intégralement noir, se fait l'effet d'une "bête de foire". Nous avons son ressenti à travers le récit d'une mystérieuse personne qui le connaît bien, et s'exprime dans des pages sur fond noir de manière saisissante. Ce sont ces extraits qui, selon moi, sont les passages les plus intéressants. L'héroïne nous raconte des choses que l'on sait déjà et parfois même, s'étend sur des détails inutiles. L'autre narrateur nous montre l'envers du décor, adoptant le point de vue de l'animal qui évolue dans "une prison sinistre, où il passe sa vie seule à faire des singeries devant les hommes". Capture en pleine mer, bébés séparés de leur mère, solitude, enfermement, les femelles qui s'acharnent sur lui la nuit, sa semence récupérée pour être vendue : Titan a connu bien des épreuves au fil des années qui lui font ressentir un mélange de colère et de désespoir. Certaines orques vont jusqu'à se suicider en se cognant la tête contre la paroi du bassin... D'autres se vengent en tuant leur dresseur.
Heureusement Elfie rencontrera de vrais amoureux des animaux qui "œuvrent pour leur liberté", s'évertuant à les rendre à leur milieu naturel. Une fin idéaliste au regard du sort de l'orque Tilikum qui est à l'origine de cette histoire...
Un roman qui laisse un sentiment de malaise, mais un malaise positif, de ceux qui poussent à réagir !
Patricia Deschamps, janvier 2019
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