Tes seins tombent

roman de Susie MORGENSTERN

Est-on héroïque par circonstance ou par naissance ?

Actes sud junior, 2010, 83 p. (D'une seule voix)
Actes sud junior, 2010, 83 p. (D'une seule voix)

 

Une grand-mère et sa petite-fille de treize ans en vacances. Elles partagent la même petite chambre, la moitié du lit, mais pas la parole. 

 

Chacune est une énigme pour l'autre, le monde des ados face aux inquiétudes du temps qui passe...

 

Un monologue tendre et drôle sur la force du lien entre générations.

 

(4e de couverture)

Mon avis :

La réflexion d'une grand-mère sur le temps qui passe, pour soi et autour de soi, et ce qui lie (ou pas) une génération à l'autre.

Dans ce texte livré d'un seul souffle, "Babie" livre pèle-mêle tout ce qu'elle ressent en observant sa petite-fille adolescente. La situation la renvoie tout d'abord à ses souvenirs de "ma grand-mère à moi", à une autre époque, une autre génération, où les relations étaient plus pudiques, où l'on acceptait peut-être davantage son âge et son statut, luttant moins contre les cheveux qui blanchissent et le corps qui s'affaisse ("mon anatomie défaillante"). L’aïeul de Babie "avait quitté la Russie toute seule", faisant preuve d'un grand courage. Aujourd'hui lui paraît une "époque si menaçante et toxique"... Quel avenir attend sa petite-fille Yona ? Quelle femme sera-t-elle, elle à qui "tout lui est donné", qui se montre souvent capricieuse, qui ne semble pas avoir développé le goût de l'effort ? Babie s'inquiète, s'interroge et en même temps, telle une bonne fée, lui souhaite en secret mille bonheurs à venir ("J'espère tant").

 

Babie se demande aussi ce qui peut bien la relier à cette "ado à la traîne", avec qui elle a tant de mal à communiquer, dont les attentes, durant ces vacances d'été en Corse, sont si différentes des siennes. Et puis elle constate que Yona, notamment lorsqu'elle "a oublié son portable et qu'elle est libre de focaliser son intérêt en la vie sur autre chose", "s'intéresse aux choses, pose de bonnes questions, creuse"... "Elle a donc quelques-uns de mes gènes ! Ma divine petite-fille avec sa curiosité intellectuelle".

On ne saura pas vraiment ce que cette dernière pense de sa grand-mère dans ce texte en forme de long monologue. Mais de petits indices ici et là laissent à supposer qu'elle apprécie sa compagnie plus que Babie ne le pense. N'a-t-elle pas l'intention que "on y retourne l'année prochaine ?"... Les mamies ont tort de s'en faire pour leurs petits-enfants : ceux-ci trouveront forcément leur propre chemin, pour peu qu'on les aime.

Patricia Deschamps, avril 2018


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