"Tu viens, tu vis et toc !, tu meurs."
François Van Hecke, poète
Ce matin-là en arrivant au collège, Réginald apprend que son camarade de classe Loïc s'est suicidé...
Clémence, la soeur de Loïc, lui révèle qu'une lettre a été retrouvée, expliquant son geste : l'adolescent s'est pendu parce qu'il était homosexuel...
Etonné, déçu, en colère, Réginald est traversé par toutes sortes de sentiments ambivalents. L'homosexualité, il n'y a jamais vraiment pensé. Mais savoir que son copain de toujours était une "tapette", une "tantouze", un "homo"...!
Pour Philippe, c'est différent. La réaction de Loïc le déprime. Elle le déprime parce qu'il le comprend : lui aussi se sent attiré par les garçons...
Du coup Elsa comprend mieux pourquoi Philippe l'a repoussée, elle que tous les mecs rêvent de tenir dans les bras... à commencer par Réginald.
Réginald, Philippe, Elsa : trois façons différentes d'aborder ce sujet tabou.
Mon avis :
La première partie du roman, narrée par Réginald, a le mérite d'aborder l'homosexualité du point de vue de l'homophobe. Les propos de l'adolescents, profondément intolérants, hérissent, mais ouvrent le débat en balançant d'emblée une salve d'idées reçues.
Ensuite, c'est Philippe qui prend la parole et le ton change radicalement. Il raconte comment il a compris qu'il était homosexuel (avec Elsa), combien cette révélation a tout chamboulé dans sa tête, et surtout la difficulté qu'il éprouve à accepter ce qu'il est avant même d'envisager de l'assumer face aux autres. La réaction de rejet de Réginald ne l'aide pas, et puis il culpabilise de n'avoir pas su aider Loïc.
Heureusement il y a Elsa, Elsa qui l'écoute et le soutient, et surtout qui lui présente son oncle André, homosexuel lui aussi. Tous trois passent des heures à discuter, André expliquant à Philippe comment lui-même est parvenu à sa sérénité actuelle.
Un roman qui aborde donc l'homosexualité selon différents points de vue et qui encourage la discussion autour de ce thème tabou, mais qui tend trop souvent vers la démonstration, voire le discours moralisateur.
Patricia Deschamps, mai 2014