Souviens-toi de la lune

roman de Stéphane SERVANT

Elle a montré la Lune du doigt.

- Moi, je crois qu'il n'y a rien là-haut. Rien du tout. Comme au début du monde. Et c'est pour ça que c'est si beau. Parce que tout est possible. Il y a tout à faire. Tout à découvrir. Tout à inventer. En fait, la face cachée de la Lune n'est pas noire. Elle est blanche et vierge. Comme une feuille de papier.

Rouergue, 2010, 296 p. (doAdo noir)
Rouergue, 2010, 296 p. (doAdo noir)

David habite seul avec son père dans un coin perdu de Louisiane, Carrefour.

 

"Carrefour était comme l'écume des villes. Tout ce que la mer urbaine n'avait pas englouti était venu s'échouer ici. (...) Carrefour. Entre la vie et la mort."

 

Si David s'est lancé dans des études de mécanique, il n'a qu'une seule passion, l'écriture, et rêve de devenir écrivain. Mais pour cela, il faudrait quitter cette "vie insipide et sans horizon"...

 

Fuir, est-ce ce qu'ont fait ces adolescents mystérieusement disparus et qu'on n'a jamais retrouvés ?

 

"Onze disparus. Onze adolescents. En seulement six mois. Dans un périmètre de cent kilomètres."

 

Lorsque son professeur de français organise une rencontre avec un auteur local à succès, Lebreton, David voit l'opportunité de sortir de son avenir tout tracé dans le garage de Miles...

Mon avis :

♪ the dark side of the moon ♫ Pink Floyd
♪ the dark side of the moon ♫ Pink Floyd

Roman initiatique, thriller, dimension fantastique... voici un livre qui brasse bien des genres ! J'ai beaucoup aimé la première partie, le coin paumé en plein bayou, l'envie d'évasion, les rêves d'écriture. L'ambiance est tangible et les personnages pleins de relief. La disparition d'adolescents et l'enquête qui s'ensuit donne un côté polar à l'histoire.

Et puis surgit "la Chose", sorte de double maléfique de David qui (comme dans L'encre et le sang de Frank Thilliez ou encore La part des ténèbres de Stephen King) rend la fiction réalité via l'écriture. J'avoue avoir un peu décroché avec ce revirement de l'intrigue... Le monstre est-il réel ? Un symbole ? L'histoire vire au gore, fait des allusions aux croyances vaudou, le temps se déchaîne parallèlement à l'action, devenant apocalyptique... On débarque dans un autre genre, un peu plus convenu, très loin en tout cas du début de l'intrigue et c'est un peu déstabilisant. Si un médecin ébauche une hypothèse médicale, le lecteur n'aura pas, au final, d'explication rationnelle... Juste une vague réflexion sur "tes peurs d'enfant" et "ton rêve d'adulte", "ton désir de liberté" et "tes frustrations du quotidien". Reste à espérer que tout le monde n'ait pas une "Chose" aussi violente et égocentrique au fond de soi...

Patricia Deschamps, décembre 2016


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