J’ai ce sentiment que nous portons en chacun de nous le pouvoir de comprendre les impressions et les émotions ressenties par l’humanité depuis l’origine des âges. J’imagine que chaque individu a une mémoire subconsciente du vert des champs, du murmure des eaux, et ni la cécité ni la surdité ne peuvent, je crois, le priver de cet héritage que lui ont transmis les générations du passé. Cette capacité atavique forme une sorte de sixième sens, qui permet de voir, d’entendre et de sentir tout à la fois.
C'est une maladie qui a rendu Helen Keller (1880-1968) sourde, aveugle et quasi muette à l'âge de deux ans.
A force de volonté et de détermination, mais aussi grâce à l'amour et à l'intelligence de son éducatrice, Anne Sullivan, Helen deviendra la première personne handicapée à obtenir un diplôme universitaire.
Inscrite au National Women's Hall of Fame, elle a créé en 1915 une fondation qui, aujourd'hui encore, lutte dans plus de vingt pays pour la prévention de la cécité et de la malnutrition.
(4e de couverture)
L'avis de Catherine, prof doc :
Comment Helen Keller a-t-elle pu écrire un livre avec de pareils infirmités ? C'est la première question que l'on se pose face à ce titre car l'accès au langage en est particulièrement mal aisé.
Ce récit à la première personne est assez surprenant. Il nous met au contact direct d'Helen et de ses pensées et ressentis. On peut suivre son évolution, ses nombreuses joies (Helen semble être une personne enjouée dès lors qu'elle commence à communiquer) et ses peines. Cette ouverture vers l'autre, cette communication enfin possible, elle le doit au dévouement d'une institutrice ayant souffert temporairement de cécité, qui va se mettre à son service et ne plus la quitter.
Le point de vue est très partial et l'ensemble peu structuré, toutefois la lecture en est agréable. Helen s'étend beaucoup sur ses études, ses lectures, les auteurs qu'elle apprécie. Elle emploie étonnement les verbes « voir et entendre » comme nous le ferions, une note nous rappelant que c'est sans doute dans l'intention d'éviter des périphrases. J'ai été surprise de relever les similitudes de ressenti entre elle et moi concernant l'étude et l'approche de la littérature ! Un parcours extraordinaire, semé d'embûches mais aux victoires d'autant plus considérables.
Les mémoires sont plutôt courtes mais l'ouvrage offre ensuite la lecture de nombreuses lettres écrites par Helen, où l'on peut noter les progrès réguliers. Puis des annexes complètent notre information sur la personnalité de l'auteur et de son institutrice.
Une autobiographie qui ne peut laisser indifférent !
Patricia Deschamps, septembre 2019