Durant toute sa vie de flic, elle a côtoyé chaque jour la violence sous toutes ses formes, elle a enquêté sur des crimes tous plus horribles les uns que les autres, mais elle se sent soudain démunie face à ce nouveau fléau qui touche tant de jeunes: le harcèlement via les réseaux, les téléphones portables. Elle n'en mesurait pas l'ampleur.
Un élève de terminale est retrouvé mort un dimanche à l'aube, pendu par les pieds à une branche de platane, au milieu de la cour de son lycée. 980 élèves suspects, sans compter le directeur, les profs et le reste du personnel, l'enquête s'annonce complexe.
Pourquoi le meurtrier a-t-il pris le risque fou de cette mise en scène ? Y a-t-il un lien entre ce meurtre et le suicide d'une élève de seconde, victime d'un harcèlement brutal sur les réseaux sociaux quelques mois plus tôt ? Pour la commissaire Clara Di Lazio et son équipe, aucun indice ni aucune piste ne sont à négliger.
(4e de couverture)
Mon avis :
Une enquête au style efficace! Le récit, très rythmé, écrit au présent, nous embarque d'emblée avec son écriture concise et percutante, dans une affaire de cyber-harcèlement très actuelle. Clara Di Lazio est une commissaire au fort caractère, très autoritaire et réputée pour son franc-parler, mais elle a aussi des qualités humaines indéniables : "Elle comprend les choses, elle écoute vraiment. Elle veut juste bien faire son boulot". En coulisse, elle est confrontée à son (douloureux) passé sous les traits de sa nièce Lilo qui débarque à Paris et va se trouver touchée par la double affaire de suicide et de meurtre confiée à sa tante.
Il faut dire que la question du harcèlement est dans tous les esprits aujourd'hui et il est abordé ici dans un juste équilibre émotions/responsabilisation. L'erreur de la jeune Garance a été de refuser d'en parler ("Pourquoi on se sent coupable quand on est une victime?"), celle de son entourage de ne pas avoir pris la situation au sérieux. Et dès lors, comment réagir?
Il y a ceux qui deviennent "Sentinelle": "Il s'agit de veiller sur les autres, en classe, à la récré, à la cantine, en sortie scolaire. Repérer les plus vulnérables". La commissaire elle, a la loi de son côté, et on la voit prendre des mesures pour les uns et les autres au cours de l'enquête (violences répétées sur mineure, somme d'argent en échange d'un retrait de plainte, etc.) Cependant c'est le psychologue qui, en perçant à jour la motivation de l'assassin, met sur la piste du coupable: "Harceler, c'est détenir un pouvoir absolu sur l'autre".
La dernière partie est un peu moins surprenante. Course-poursuite, enlèvement, meurtrier que l'on devine avant l'heure, donnent des chapitres un peu plus convenus. Malgré tout le roman fait passer un moment intense avec cette enquête menée tambour battant par une équipe sympathique!
Patricia Deschamps, août 2019