- Vois ça comme... un service que tu rends aux humains ! C'est vrai, après tout, comment pourraient-ils reconnaître le bonheur si nous ne leur apportions pas de petits moments de malheur ?
La famille Portepoisse n’est pas une famille comme les autres… C’est une famille de monstres porte-malheurs dont le métier consiste à se déguiser en humains pour se fondre parmi eux et leur apporter leur lot de malheurs quotidien…
Et aujourd’hui est un grand jour chez les Portepoisse : Simon, le petit dernier un peu spécial, qui n’aime pas du tout le malheur, qui collectionne les trèfles à quatre feuilles, doit livrer son tout premier ticket-poisse !
Accompagné de Monsieur Georges, le chat noir chargé de le superviser, il doit faire annuler le départ en vacances de la famille Chouquette...
Mon avis :
J'ai été surprise par le graphisme, aux couleurs vives, aux traits noirs accentués et aux personnages monstrueux, et puis je me suis rendu compte qu'il se mariait bien avec l'ambiance de l'histoire. Les Portepoisse constituent une famille atypique, ce sont des créatures fantastiques qui, grâce à leurs "transformafioles" peuvent prendre apparence humaine pour se fondre dans notre monde. Ils adorent annoncer de mauvaises nouvelles, ont tout un attirail d'accessoires pour le faire de manière originale (spray de grippe, liquide glissade, graines de frousse...), cependant ils ne sont pas si méchants ("Pas de blessés, hein")!
Simon, lui, détonne malgré tout dans cette famille prompte à distribuer les tickets porte-poisse. Comme souvent dans ses histoires, Antoine Dole défend le droit à la différence, et le jeune monstre est attendrissant dans son anxiété à devoir jouer ce rôle qu'on attend de lui et qui est si éloigné de sa personnalité: "Je ne veux pas faire de malheureux, moi..." Au contraire, "rendre les gens heureux" lui apporte de grands bonheurs et c'est véritablement là qu'il s'épanouit ("On peut être un porte-malheur mais aussi faire du bien aux gens"). Dès lors, comment concilier les attentes de sa famille et son bien-être personnel? Et c'est là que l'histoire prend une tournure inattendue: "Tu vois, le malheur des uns peut parfois aussi faire... leur bonheur!".
Car il est aussi question de résilience dans cet album qui encourage à relativiser "les mauvaises nouvelles qui vous tombent dessus". Rien ne se passera comme prévu pour Simon mais il saura, avec l'aide d'un Monsieur Georges peu à peu acquis à sa cause, redoubler de créativité "pour ramener un peu de bonheur dans cette famille".
Patricia Deschamps, septembre 2019
- Dépêche-toi ! Il y a du malheur sur la planche aujourd'hui.
C’est un jour malchanceux qui débute chez les Portepoisse : toute la famille est malade. Simon est le seul à ne pas être touché par cette intoxication alimentaire. Georges, le chat de la famille et mentor de Simon, n’a pas le choix : c’est à lui qu’il va devoir confier la livraison de tous les tickets-poisse du jour. Mais voilà, avec son grand cœur, Simon n’en fait qu’à sa tête…
Mon avis :
Un deuxième tome réussi, avec un personnage toujours aussi attachant et un joli message à la clef. Le graphisme m'a semblé encore plus torturé, avec des dessins parfois bien écœurants (le vomi, la grippe) et un trait très malléable, à l'image de ces monstres capables de se transformer en humains (enfin... un peu monstrueux eux aussi!).
Cette fois Simon ne rechigne pas à distribuer les tickets porte-poisse, cependant il s'emmêle dans la distribution, donnant aux gens des malheurs qui ne leur étaient pas destinés. Quelle différence? direz-vous. Eh bien elle est de taille, car cette fois-ci, les malheurs constituaient, pour chacun des concernés, "autant d'occasions de changer sa vie, de prendre des décisions". Un discours surprenant dans la bouche de Monsieur Georges, le chat mentor! Comme quoi le petit Simon a bel et bien réussi à le faire changer de perspective.
Dès lors, le garçonnet aura à cœur de réparer ses bêtises... à sa façon, sans faire davantage de mal. Le message est le même que dans le premier tome: "Les mauvaises nouvelles ne sont pas seulement là pour faire de la peine aux gens, mais pour les aider à se découvrir, dépasser leurs limites, oser accomplir l'impossible". Avec cette nuance supplémentaire, comme quoi on n'est pas obligé d'en passer par là pour changer le cours de sa vie: "Pas besoin d'avoir le cœur brisé, l'amour lui donne envie de se dépasser". Et heureusement!
Patricia Deschamps, octobre 2020