Sherlock & Moria

roman de Ridley PEARSON

1. L'initiation

Une amitié ne vaut rien si l'on n'est pas soi-même.

Pocket jeunesse, 2018, 400 p.
Pocket jeunesse, 2018, 400 p.

La rentrée de James Moriarty à la Baskerville Academy tourne rapidement au cauchemar: non seulement il n’a aucune envie de suivre les traces de ses ancêtres qui ont fondé l’établissement, mais en plus il se retrouve dans la même chambre qu’un certain Sherlock Holmes pour qui l'aversion est immédiate. Dommage pour Moria, la sœur de James, qui tombe sous le charme du jeune Britannique et qui se retrouve tiraillée entre les deux garçons...

 

A peine le frère et la sœur sont-ils installés que disparaît la précieuse bible de la famille Moriarty. La chasse au trésor est ouverte mais le proviseur met bien les élèves en garde: il ne faut surtout pas toucher l’objet! L’incident intrigue Sherlock, d’autant plus que James est le seul à recevoir d’énigmatiques indices… Le contenu de la bible serait-il lié au destin Moriarty? Bien que son colocataire ait refusé toute aide, le jeune spécialiste de la déduction se lance dans la résolution du mystère.

Mon avis :

Encore une adaptation du célèbre personnage d'Arthur Conan Doyle, direz-vous. Sauf que celle-ci a l'originalité d'adopter le point de vue Moriarty, et plus précisément celui de la petite sœur de James.

"Jamie" et Moria sont très proches. Aucune nouvelle de Mère depuis des années et Père, professeur d'université et homme d'affaires richissime, doit souvent s'absenter. "Grave, silencieux, sévère" mais néanmoins aimant, Père les a "élevés dans une forme d'isolement" au manoir ancestral, et le frère et la sœur ont pris l'habitude de ne compter que l'un sur l'autre, même s'il leur arrive de se chamailler!

 

Cependant cette complicité touchante ne va pas durer. En tant que fils aîné de la lignée Moriarty, James a désormais l'âge d'assumer le fardeau de l'héritage familial ("Nous faisons partie d'un tout qui nous dépasse, mon fils"). Le voilà envoyé avec sa sœur à la Baskerville Academy où ont été formés tous les précédents Moriarty. A partir de là je ne me suis plus sentie concernée par le personnage, qui change radicalement d'attitude du jour au lendemain sans que ce soit ni cohérent malgré les circonstances ("Je suis coincé, pris au piège"), ni très subtil. James se braque constamment et sans véritable raison, ce qui le rend agaçant. Par contre j'ai bien aimé le caractère de Moria qui tente de prendre sa place dans ce monde très masculin, rivalisant d'intelligence et d'audace avec les deux garçons.

 

Cependant c'est le personnage de Sherlock Holmes (surnommé "Locky" par Moria!) qui est de loin le plus réussi. Celui dont "le cerveau turbinait à une vitesse surnaturelle" est déjà impressionnant dans son "art de l'observation" et ses déductions infaillibles... à la hauteur de son horripilante arrogance! Cependant son tempérament amuse bien plus qu'il excède. Moria, elle, est sous le charme ("Aucun garçon ne m'avait jamais intriguée comme lui"). C'est à travers son regard admiratif que l'on suit la résolution des énigmes, toutes obscures à qui n'a pas les facultés de "Locky"!

 

Il est malgré tout dommage que plus l'intrigue avance, plus elle perd sa singularité. Certains hasards sont un peu faciles, certaines discussions un peu longues, et les péripéties un peu convenues. Quant au thème des sociétés secrètes, il devient éculé... On passe néanmoins un bon moment et les amateurs du genre trouveront dans ce roman l'ambiance mystérieuse et les tempéraments enlevés qu'ils étaient venus chercher.

Patricia Deschamps, novembre 2019



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