Il faut savoir rêver pour donner un sens au réel.
Orphelin, Léo, 15 ans, est élevé par sa grand-mère. Aveugle de naissance, il a développé des qualités de perception et de déduction hors norme, dont il se sert pour résoudre les énigmes qu'on lui soumet sur son site internet, sous le nom de code Shadow.
Alors le jour où sa grand-mère et lui sont victimes d'un cambriolage, Léo décide de prendre en main l'enquête. Démasquant rapidement les coupables, il propose son aide au lieutenant chargé de l'affaire, Laurent Halphen. En échange, celui-ci s'engage à reprendre les recherches concernant la mystérieuse disparition du père de Léo, cinq ans auparavant...
Mon avis :
Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est que comme dans La brigade des fous, le handicap de Léo est un atout : "Loin d'être un handicap, la nuit nous force à être plus attentifs". Surdoué, l'adolescent est un "garçon étonnant", à la "mémoire prodigieuse" et à l'ouïe et à l'odorat ultra développés, capable d'analyser son environnement en quelques secondes. Il devient rapidement le bras droit du lieutenant, décortiquant l'intonation des voix ou encore les bruits de fond des enregistrements, secondé en cela par sa "bande d'Aulnay" constituée, entre autres, de Idriss le livreur de pizza, Gus le champion de karaté et Ged le "casseur de bagnoles" et "as en informatique". Des gars sur qui il peut compter et surtout qui "n'avaient pas pitié de lui". Sans oublier la douce Angélica dont il voudrait tant voir le visage.
Le problème c'est qu'avec les super capacités de Léo, la situation est à peine posée qu'elle est déjà résolue ! Et sans que l'on comprenne toujours bien comment il s'y est pris. Le texte est truffé d'ellipses narratives et l'on passe d'une affaire à l'autre sans jamais vraiment entrer dans le détail de l'enquête, ce qui est peu frustrant et donne un sentiment de superficialité. On aura bien compris qu'en réalité tout ce qui intéresse Léo, c'est savoir ce qui est arrivé à son père ; il est en effet persuadé que celui-ci est encore en vie.
Second bémol : le style de l'auteur, que j'ai trouvé parfois un peu sec, tant au niveau de l'enchaînement des scènes qu'au niveau des dialogues. Du coup, je n'ai pas vraiment réussi à accrocher à l'histoire, ni à m'attacher au personnage, peut-être justement parce que tout lui est trop facile. Malgré tout on sent bien la détresse qu'il cache sous son apparente confiance, et dans certaines scènes, on sent poindre une touche de sensibilité presque poétique. C'est comme si ce roman avait été écrit un peu vite, sans que l'auteur y exprime toute la mesure de son talent. La dernière partie souffre de quelques longueurs, et la fin appelle une suite.
Quoi qu'il en soit l'ensemble reste agréable à lire et fait passer un bon moment.
Patricia Deschamps, mars 2017