À Paris, l’ouverture d’un hôtel de passe 2.0, dont les pensionnaires sont des poupées en silicone, ne fait pas l’unanimité. Son jeune propriétaire, précurseur sur le marché du sexe, n’avait pas imaginé les réactions violentes que sa start-up provoquerait…
Dans le même temps, l’Office, dirigé par le commissaire Marion, est confronté à une série de meurtres atroces. Trois femmes sont retrouvées mutilées, des parties de leur corps trafiquées afin d’en faire des créatures parfaites.
La psycho-criminologue Alix de Clavery, dont l’expertise est indispensable sur ce dossier, a mystérieusement disparu. Si Marion devine que ces affaires sont liées, elle n’imagine pas à quel point.
(4e de couverture)
Mon avis :
C'est parce que je connais les enquêtes pour la jeunesse de Danielle Thiéry que j'ai eu envie de découvrir ses romans adultes. Ne vous fiez pas au titre et à la couverture, un peu racoleurs, il s'agit d'un polar classique, sans aucune vulgarité, même s'il se passe dans le monde du proxénétisme ("Ces filles avaient en commun de ne pas vouloir perdre de temps dans des études sans issue. Elles voulaient vivre vite et accéder tout aussi vite aux mirages du consumérisme : argent à gogo, fringues de luxe, grosses voitures, soirées et nuits blanches, arrosées et saupoudrées.").
Si l'investigation est menée par la commissaire Edwige Marion, elle n'est pas la seule héroïne et d'autres protagonistes jouent un rôle d'importance dans l'intrigue. Il y a notamment sa fille Nina, avec qui l'enquêtrice entretient des relations tendues, ce qui apporte une dimension plus intime à l'histoire tout en gardant un lien avec l'affaire. Les différents membres de l'équipe ont chacun une personnalité bien définie, comme le mystérieux adjoint Philémon de Saint-Léger, la volcanique Valentine Cara et l'intrigant Albert Fréguin alias l’Élégant. Néanmoins c'est Alix de Clavery, la psychologue, qui est la figure centrale du récit : enlevée dès les premiers chapitres par le tueur, elle apporte un point de vue alternatif qui crée tension et suspense, ainsi qu'une touche de spiritisme avec son don de télépathie.
Au-delà des pratiques sexuelles des impliqué(e)s dans les meurtres, c'est véritablement la psychologie des personnages qui est déterminante. Les "poupées sexuelles" constituent des objets transitionnels forts en symbolique, qu'elles soient considérées comme des "prostituées en silicone", des femmes idéalisées ("parfaites et dociles") et même, quand la copie est fidèle à l'originale, perçue comme mère de substitution. A l'inverse, certaines figures féminines (comme la belle Marie-Ève) peuvent être considérées comme une "poupée vivante". C'est à l'issue d'un contre-la-montre contre l'instable Docteur X que se démêlera cette enquête à la fois dense et réaliste, vu l'ancienne profession de l'auteur.
Patricia Deschamps
Juillet 2019