Rin, suite à un sarcome osseux, a dû être amputée d’une partie de sa jambe droite. Depuis, la lycéenne a bien du mal à retrouver goût à la vie. Mais grâce à sa découverte des lames, des prothèses adaptées aux sportifs, la jeune fille va se fixer un nouvel objectif : participer aux jeux paralympiques de Tokyo !
(4e de couverture)
Mon avis :
C'est un manga plein d'optimisme où l'on assiste au déclic de l'héroïne qui sort de son blocage psychologique ("Tu tiens vraiment à ce que ta vie se résume à une simple énumération de tout ce que tu as perdu?") en découvrant les prothèses tibiales en carbone (la sienne est de facture classique, rigide). Dès lors elle met toute sa détermination dans la maîtrise du "rebond", cette restitution d'énergie que procure la lame ("Elle transmet la même force qu'une jambe valide et rebondit sur le sol sans contrainte pour nous projeter toujours plus loin en avant"). Objectif: pouvoir courir à nouveau.
Si Rin "a de la ressource", j'ai tout de même trouvé que ses progrès, fulgurants, n'étaient pas très réalistes. Au bout de quelques semaines, la voilà déjà prête à participer à des compétitions! Par contre j'ai aimé l'évocation du monde handisport ("Chacun pratique un sport à sa façon") et les courses sont parfaitement rendues par le dessin. L'histoire soulève également le problème du financement de tels outils: "Les utilisateurs de prothèses sportives représentent moins d'1% du marché. C'est totalement improductif". Entre soutenir les personnes en situation de handicap et faire des bénéfices, certains ont vite fait leur choix... Enfin, on trouvera une réflexion sur "l'humain augmenté" puisque les prothèses en carbone permettent des performances supérieures à celles d'un homme valide ("J'ai l'impression d'être bien plus agile avec ma prothèse qu'avec ma propre jambe").
Patricia Deschamps, décembre 2021
Tu n'es plus la même aujourd'hui.
Kazami a offert à Rin une lame, prothèse ergonomique dédiée aux sportifs, et depuis, la jeune fille trouve un véritable plaisir dans la pratique de la course. Motivée comme jamais, elle se met en tête de participer à un cent mètres. Et pour progresser plus vite, pourquoi ne pas aussi rejoindre le club d'athlétisme de son lycée ?
(4e de couverture)
Mon avis :
Je trouve que dans ce deuxième tome, l'intrigue réussit bien à se renouveler. Rin maîtrise de mieux en mieux sa lame ("J'ai le contrôle! C'est tellement grisant!") grâce à son instinct à visualiser les mouvements de son corps, mais elle est encore loin des chronos attendus. En l'absence de Kazami (le concepteur des lames), elle doit se débrouiller seule. Suivant ses conseils, elle intègre le club d'athlétisme de son lycée afin d'observer et de tirer parti de l'entraînement de ses camarades valides.
Il n'est pas simple de faire aussi bien que les autres avec sa prothèse! Rin est notamment admirative de Kei, la championne de l'équipe, aussi douée que compétitrice. Si avec les Blade Runners, Rin peut "partager tous les soucis liés à sa jambe artificielle" car ils comprennent "ce qu'on ressent quand on a l'impression que notre propre corps ne nous appartient pas", c'est Kei qui va l'amener à considérer sa prothèse "comme un membre à part entière de ton corps" en lui faisant remarquer que "tu t'appuies trop sur ta jambe valide. Tu n'équilibres pas assez le poids de ton corps sur ta prothèse et tu finis par tourner".
Ce que j'ai aimé, c'est que le rapprochement entre les deux filles va autant apporter à Kei qu'à Rin: la championne, très individualiste (et méprisante), va apprendre les valeurs de l'entraide et de l'esprit d'équipe, indispensables lorsque l'on fait de la course de relais. Au final, "elles ont bien progressé toutes les deux"!
Patricia Deschamps, décembre 2021
Tandis que les projets de Kazami continuent de rencontrer des difficultés de développement, Rin doit aussi faire face à des complications financières : pour continuer sa carrière dans le monde du handisport, la lycéenne va avoir besoin d'une prothèse sur mesure. Mais ses parents seront-ils prêts à s'endetter pour ce qui n'est peut-être qu'une passion passagère?
(4e de couverture)
Mon avis :
Après deux bons tomes, le troisième (et dernier) a un peu de mal à renouveler ses thématiques: Kazami cherche toujours des financements et Rin trouve une autre championne à prendre pour modèle en la personne de Hyûga ("Sa prothèse n'est pas un simple outil, c'est le prolongement de sa jambe"). L'objectif de se qualifier pour les jeux paralympiques est en effet pour Rin à la fois un défi personnel et une opération marketing pour les lames de Kazami. J'ai aussi trouvé dommage que les performances sportives se réduisent à la qualité de la prothèse et que soit un peu trop occultée l'importance de la préparation musculaire.
Par contre on voit bien le chemin (psychologique et physique) parcouru par l'héroïne lorsque celle-ci se met, plus ou moins consciemment, à encourager le petit Eiji en fauteuil roulant. De manière globale, cette série donne une bonne appréhension du handicap et du monde handisport, et elle véhicule des valeurs de positivité, de solidarité et de dépassement de soi qu'on ne peut que recommander aux jeunes, quelle que soit leur situation!
Patricia Deschamps, décembre 2021