Resurrectio

roman d'Amélie SARN

L'amour : un concept si flou qu'il est impossible à définir. Le cauchemar du scientifique!

 

Seuil, 2014, 317 p.
Seuil, 2014, 317 p.

Quand elle se réveille dans le laboratoire privé de Victor, Marie a tout oublié : elle ne sait pas qui elle est, et surtout ce qui lui est arrivé.

 

Un terrible accident de voiture, lui explique le scientifique, d'où les impressionnantes cicatrices sur son corps. Un accident dans lequel ses parents ont péri... C'est pourquoi Victor, qui l'a sauvée du coma, a choisi de la déclarer morte pour s'enfuir avec elle et recommencer une nouvelle vie.

 

A ses côtés, Marie réapprend jour après jour les gestes du quotidien, s'attachant toujours plus à cet homme qui l'aide à réactiver sa mémoire et prend soin d'elle comme un père.

Pourtant, Marie sent bien que Victor ne lui dit pas tout concernant son passé... D'où vient-elle et qui était-elle avant ? Et pourquoi a-t-elle ces horribles visions où elle incarne quelqu'un en train de mourir ? Est-ce un cauchemar, une réminiscence, une prémonition?

 

Mon avis :

1ère version de la couverture
1ère version de la couverture

Une version moderne de Frankenstein autour d'une héroïne à la fois fascinante et inquiétante ! Toute la première moitié du livre, Marie (comme Mary Shelley, l'auteur du célèbre roman) est en pleine détresse : "Je voudrais être normale", répète-t-elle, "exactement comme les autres". Mais il n'est pas simple de s'intégrer quand on a autant de stigmates et que l'on est sujette à des crises aussi subites qu'impressionnantes... Le lecteur compatit au mal-être de l'héroïne, qui n'a absolument rien de "normal" sans que l'on puisse déterminer exactement pourquoi. Marie a des dispositions très variées (piano, force physique, endurance...) qui semblent se réactiver sans que l'on sache si elles sont naturelles ou pas. Bref un grand mystère règne autour d'elle, dont seul Victor détient les réponses.

 

Victor Frank(enstein) évolue lui aussi tout au long du roman. De "sujet" Marie devient rapidement sa "fille", même s'il continue d'analyser la moindre de ses réactions, consignant tout dans ses carnets. Victor a démissionné d'une puissante multinationale, Hydra, dont il se cache, et cette menace contribue aussi à la tension du récit. Cependant cette tension finit par se muer en frustration car le rythme du livre est plutôt lent : on se doute que de terribles événements couvent, on sent Marie changer (très) progressivement, prenant de la confiance au fur et à mesure qu'elle réalise qu'elle est "unique" et qu'elle apprend à maîtriser "l'ombre" qui l'enveloppe. Mais cette attente finit par lasser, car ce n'est que dans les ultimes pages que le voile se lève enfin.

Une thématique captivante qui aurait, selon moi, été mieux servie par une intrigue plus condensée. Du même auteur, j'ai personnellement préféré Clairvoyance et Les proies (Prix des Lecteurs en Seine 2014).

Patricia Deschamps, mars 2015

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