Proie idéale

En regagnant leur foyer pour adolescents en difficulté, Ljuba et Cam découvrent que leur amie Morgane a disparu. Elles refusent d'abord d'orienter les éducateurs et les policiers pour enquêter seules.

Morgane devait rencontrer un photographe pour réaliser un book afin de devenir top model. Ljuba et Cam comprennent vite que Morgane s'est laissé entraîner par un individu peu scrupuleux...

Mon avis :

Un roman sans réelle surprise mais qui a le mérite d'aborder un thème rarement évoqué : le trafic de femmes en Europe.

Si Morgane l'apprentie top model est au centre de cette histoire, ce n'en est pas l'héroïne, elle est juste le déclencheur de cette intrigue grave. Ombre plutôt que réel personnage, elle nous donne un bref aperçu de ce qu'elle vit tandis que ses amies enquêtent. Son rôle est donc plutôt d'alerter sur les mauvaises intentions de certains prétendus professionnels du milieu de la mode.

Les véritables héroïnes sont bel et bien Ljuba la Rom et sa copine Cam(ille) l'artiste, dont les points de vue alternent tout au long de ce thriller. Issues du même foyer, elles ont toutes deux des vécus difficiles mais une manière différente d'appréhender la situation. Cam est une colérique, une bagarreuse, bien qu'elle manque de confiance en elle, en partie à cause de son homosexualité pas tout à fait assumée. Ljubia est beaucoup plus assurée, plus charismatique, manipulatrice aussi. Elle ne supporte pas les préjugés liés à ses origines mais en même temps, elle entretient une méfiance voire une haine envers les "gadje" (Non-Rom) depuis que sa famille a été expulsée de France.

Ne faisant aucune confiance aux adultes (ni de son foyer, ni aux "shangle" : aux policiers), Ljubia mène l'enquête seule secondée par Cam (bien que certains éléments lui fassent remettre en question ses idées reçues), ce qui n'est pas toujours très crédible. Si la jeune fille a une personnalité bien marquée, le récit, un peu convenu, ne parvient pas pleinement à captiver mais fait néanmoins passer un agréable moment de lecture.

Patricia Deschamps, décembre 2017