Chamonix, années 20. Jean Servettaz est un guide de haute montagne réputé. Accompagné de Georges, son porteur, il emmène un client américain au Petit Dru, un pic dont la paroi est l’une des plus raides des Alpes. Lors de la redescente, un violent orage se déclare et Jean meurt foudroyé. Georges parvient à ramener son client mais perdra l’usage de ses pieds, saisis par le gel.
Une expédition est organisée pour essayer de récupérer le corps du guide, resté au Petit Dru. Pierre Servettaz, son fils, la rejoint mais fait une chute qui manque lui coûter la vie.
Il se remet de ses blessures en quelques mois cependant son docteur lui annonce qu’il a désormais le vertige et que les grandes courses lui sont interdites. Refusant d’y croire, Pierre part seul en montagne…
L'avis de Fabien, bibliothécaire :
A 15 ans, l’explorateur, journaliste et écrivain Roger Frison-Roche (1906-1999) entreprenait déjà sa première ascension du Mont-Blanc, avec son père. Cet infatigable sportif pratiquera également entre autres, l’alpinisme avec les plus grands guides ainsi que tous les sports d’hiver. Il sera même secrétaire des premiers jeux olympiques de Chamonix. Mais c’est lors de son séjour à Alger où il est journaliste à « La Dépêche » qu’il écrit Premier de cordée qui y paraît d’abord sous forme de feuilleton en janvier-février 1941.
Premier de cordée est donc frappé du sceau de l’authentique et dès les premières pages, on a l’impression que le froid nous saisit et l’on a envie de respirer à pleins poumons. L’auteur nous fait découvrir l’univers des guides de montagne, leur courage et leur rapport à la nature. A Chamonix, les guides le sont de père en fils et malgré le souhait de Jean Servettaz d’éviter à son fils ce métier dangereux, la montagne en décidera autrement. Car c’est bien la nature la véritable héroïne du roman. Majestueuse et impitoyable, elle regarde les hommes s’agiter et punit ceux qui ont l’imprudence de la défier. Bien sûr, le style est assez daté et certains dialogues prêtent à sourire (« Grand fou !...Toujours la montagne »), de même qu’on se serait volontiers passé des pages décrivant longuement le « combat de reines » ("tradition" où les montagnards font s’affronter des vaches pour qu’elles élisent leur "reine"…), mais les scènes d’expédition sont tellement fortes que l’on oublie volontiers ces petits défauts. Palpitant et vibrant hymne à la montagne, Premier de cordée reste un vrai plaisir de lecture à savourer sous le plaid !
Janvier 2018