Publié sous le pseudonyme de Mary Westmacott en 1934, ce portrait de femme annonce l'image que, trente ans plus tard, Agatha Christie offrira dans son autobiographie.
Peut-être même peut-on imaginer que, la pudeur préservée par la fiction, la personnalité de l'auteur s'y livre avec plus de liberté. Autre facette du talent incontestable de la romancière, l'histoire de cette enfant choyée de l'époque victorienne, puis de cette jeune femme, avec ses amours, ses doutes et ses angoisses, est aussi prétexte à une galerie de personnages où l'on reconnaît l'ébauche de bien des héros de l'œuvre policière d'Agatha Christie.
(4e de couverture)
Mon avis :
Le premier chapitre m'a beaucoup plu, j'ai aimé la singularité de la rencontre entre le narrateur et Celia, ainsi que le mystère tournant autour de la jeune femme. Engouement vite retombé ensuite lorsque l'on plonge dans l'histoire de celle-ci depuis son enfance (est-on vraiment obligé de remonter si loin pour comprendre ce qui lui arrive?!), même si le récit a des allures autobiographiques et n'est pas sans rappeler certains événements de la vie d'Agatha Christie.
On découvre ainsi une petite fille rêveuse, pleine d'imagination, ayant beaucoup d'amour et de complicité avec sa maman qui a toujours su la comprendre. Son éducation, marquée par plusieurs voyages en France, est raffinée (littérature, piano, chant).
Le récit devient plus intéressant quand Celia grandit: on découvre ses premiers prétendants, son mariage, la naissance de sa fille. L'héroïne garde une forme d'innocence, ou tout au moins d'émerveillement pour ce(ux) qui l'entoure(nt).
On en oublierait presque le teaser du roman: comment en est-elle arrivée à ses pensées suicidaires? La fin, qui revient au commencement, laisse, comme le titre l'indique, un petit goût d'inachevé. On espère, comme le narrateur, que son intervention (que j'aurais souhaitée plus longue), aura permis à Celia de repartir "d'un nouveau pied" en laissant, en nous les livrant, "son histoire et ses frayeurs".
Patricia Deschamps, août 2024