Personne ne te sauvera

roman de Fabrice COLIN

Est-ce que la vie des humains se résume à la peur de mourir ? Et que reste-t-il quand cette peur s'en va ?

Flammarion, 2012, 143 p. (Etonnantissimes)
Flammarion, 2012, 143 p. (Etonnantissimes)

Manon, dix-sept ans, a un anévrisme cérébral : une poche de sang dans une artère intra-crânienne qui peut se rompre à tout moment et provoquer une hémorragie cérébrale mortelle. Une opération est possible mais sans résultat garanti...


Effondrée, Manon s'enfuit à Las Vegas, ville symbolique à ses yeux puisque c'est là-bas qu'elle a été conçue. Dans le gigantesque et clinquant hôtel où elle a réservé sa chambre, elle rencontre le mystérieux Dorian qui prétend être... un vampire.


Manon comprend rapidement que Dorian est une authentique créature de la nuit. L'adolescente lui demande alors de la transformer afin d'échapper à la mort...

Mon avis :

Quelle ambiance envoûtante dans cette histoire de vampire moderne ! Mélange d'enregistrements audio et de textes narratifs, l'intrigue développe d'emblée une atmosphère grave (sans être plombante) et réflexive autour de la vie éternelle. Loin des poncifs habituels, Dorian est un vampire à l'âme brisée par des années de fuite solitaire. Ce sentiment de profonde solitude, de détresse même, est d'ailleurs ce qui unit les deux personnages.

 

Manon est intriguée par ce vampire qui, bien qu'immortel, semble aussi désœuvré qu'elle qui vit avec le souffle de la mort sur la nuque. Sa supplique "transformez-moi" a pour Dorian des allures de caprice, lui pour qui la brièveté de l'existence est nécessaire à son éclat. Donner la vie éternelle représente pour lui un sacrilège, un pouvoir divin qu'il ne se sent pas prêt à s'octroyer. D'autant plus qu'il n'a pas lui-même choisi sa condition de vampire...

 

J'ai trouvé qu'il y avait un contraste judicieux entre la thématique du roman et son décor principal, Las Vegas, la ville de l'éphémère et du futile par excellence, où les plaisirs sont superficiels et les journées vite creuses. Manon y passera une semaine avec Dorian et j'ai d'ailleurs trouvé ce passage un peu longuet, tout comme je me suis demandé pourquoi l'auteur détaillait autant le passé du vampire dans son carnet, délayant des épisodes historiques inutiles à la compréhension psychologique de son narrateur.

 

Mais c'est dans l'ensemble un livre que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir, et j'ai aussi lu avec beaucoup d'attention les petits conseils en écriture que Fabrice Colin a glissés en fin d'ouvrage !

Patricia Deschamps, octobre 2014

rubrique Vampires
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