Dans le sport comme dans la vie, le doute mène à l'échec.
Axel est un garçon en surpoids. Chaque jour au collège, il doit affronter le regard et les moqueries de ses camarades.
L'adolescent trouve refuge dans les livres et les jeux vidéo et se confie à son journal intime. Mais bientôt, son mal-être croissant le pousse à la tentative de suicide...
(Texte : 4e de couverture)
Mon avis :
Un roman entre narration, extraits de journal intime et projections dans le futur, qui fait suivre le combat d'Axel contre les kilos sur plusieurs années.
Avec ses 110 kg pour 1m60, Axel subit au quotidien "les regards moqueurs et les réflexions exprimées dans son dos, mais suffisamment fort pour qu'il les entende". Certains, comme Edouard, l'insultent ouvertement ("gros tas", "gros porc") et vont même jusqu'à le frapper. A défaut d'avoir de vrais amis, l'adolescent s'invente un camarade imaginaire, Xavier, à qui il écrit son ressenti. S'il a le soutien de son frère aîné Tony, un boxeur adepte de diététique qui représente son idéal, il ne peut compter sur sa mère elle-même "de plus en plus fatiguée, usée par les ménages qu'elle doit enchaîner en différents endroits de la ville". Tony est un battant, mais Axel et sa mère n'arrivent pas à se remettre du départ du père. L'une, déprimée, est quasi absente de l'histoire. L'autre "compense le manque en se gavant de nourriture". Les régimes qu'il recommence sans arrêt ne donnent rien. Jusqu'au jour où la peine associée au harcèlement le conduit à une première tentative de suicide...
C'est là qu'entre en scène Julie, la première à prendre sa défense et à se lier d'amitié avec lui. Julie qui, de plus, est jolie, l'aide à prendre confiance en lui. C'est là aussi où l'intrigue perd en crédibilité : au fil des mois et des années, non seulement Axel va devenir un jeune homme grand, beau et musclé (au point que Julie, devenue sa petite amie, le somme de limiter les exercices de musculation!), mais il va aussi se mettre à la boxe, encouragé par son frère, et devenir un champion comme lui. Le récit principal alterne en effet avec une séquence "huit ans plus tard aux JO de Londres" où on le voit se préparer pour son combat final, celui qui doit le consacrer. De l'âge de 13 ans jusqu'à ses 21 ans, la vie d'Axel est jalonnées de catastrophes mais aussi de revirements de situation miraculeux. Tout cela fleure bon la leçon de vie (quand on veut, on peut, les gens peuvent se repentir et changer, il faut pardonner à ses ennemis d'autrefois, etc.), d'ailleurs on ressent le discours de l'adulte derrière les propos des adolescents tout au long du texte.
C'est bien ce qui pêche le plus, selon moi, dans ce roman : la maladresse de l'écriture. J'y ai trouvé trop d'explications (c'est toujours mieux de faire connaissance avec le héros à travers ses actes et ses émotions), de pseudo-sagesse (les propos sont souvent moralisateurs) et un style peu actuel. Les phrases, qui manquent de concision, ont un côté ampoulé. Certaines références datent un peu : au collège il est question d'un "surveillant général" (le terme n'existe plus depuis 1970...); Axel, qui est fan de littérature, discourt sur Pagnol, Dumas et Tournier pendant des pages; plus tard, quand les deux amoureux ressentent le besoin d'une "bouffée d'oxygène", ils s'offrent un long weekend à la foire du livre de Brive... Rien de très évocateur pour des adolescents d'aujourd'hui ! Bref un sujet délicat traité de manière trop malhabile pour que l'histoire soit touchante.
Patricia Deschamps, décembre 2018