Nowhere girl

bande dessinée de Magali LE HUCHE

Dargaud, 2021, 120 p.
Dargaud, 2021, 120 p.

 

 

Magali a 11 ans. Depuis qu'elle est au collège, cela se passe mal. Elle qui pensait être une élève comme les autres éprouve soudainement une peur panique à l'idée d'aller à l'école. La seule chose qui lui fait oublier sa phobie scolaire, c'est la musique des Beatles.

Mon avis :

Lire les premières pages
Lire les premières pages

Des cas de phobie scolaire, on en a chaque année au collège, alors il est important d'avoir des lectures sur le sujet. Le scénario de cette bande dessinée autobiographique est bien mené, cependant je n'ai pas du tout accroché au graphisme.

L'autrice raconte bien comment le mécanisme se met en place: les désillusions après l'euphorie de l'entrée en 6e, la peur de ne pas être à la hauteur, la honte qui empêche d'en parler. Le graphisme est sobre, en noir et blanc, avec pour seule touche de couleur le roux des cheveux de Magali (encore une différence stigmatisante) et une touche de rose pâle dans le décor (le nom de sa classe). J'ai trouvé les dessins du sac à dos, toujours plus gros jusqu'à dépasser en taille la fillette, très représentatifs du poids qui pèse sur ses épaules chaque fois qu'elle prend le chemin du collège.

 

Les couleurs arrivent avec la découverte de la musique des Beatles. Le bien que celle-ci fait à la petite héroïne est représenté par des vagues multicolores qui l'enlacent et la transportent. Certaines scènes ont un côté onirique, évoquant tout le pouvoir de l'évasion et de l'imaginaire (Magali s'adresse aux quatre musiciens comme s'ils existaient vraiment). On n'apprend rien de particulier sur le groupe, mais il est vrai que je n'ai pas lu tous les phylactères, la police de caractère est si brouillonne qu'elle ne donne pas envie de s'y attarder.

Cette obsession pour le groupe ("Ils étaient la raison de ma colère et de ma désespérance") coupe encore plus la fillette des autres, qui ne la comprennent pas plus que sa phobie scolaire. S'y ajoute un refus de la puberté, de la perte de l'enfance: Magali ne se lave plus afin de ne pas voir (et assumer) les transformations de son corps...

 

Sur les conseils de la psychologue, elle est inscrite à des activités en 5e (danse, théâtre, peinture) en parallèle de l'école à la maison, "histoire de me sociabiliser". Mais Magali se rend compte qu'elle a "parfaitement réussi à m'isoler des autres"... D'ailleurs "j'étais plutôt bien dans cette vie de recluse".

Heureusement le temps a fait son œuvre et la voilà prête, à la rentrée de 4e, à retourner en classe ("Il fallait que ça change"). Mais pas n'importe où: dans un établissement proposant un enseignement en arts appliqués. Désormais Magali n'a plus "peur d'être une mauvaise élève", portée par ses deux passions: le dessin... et toujours les Beatles ("Ils ne me quittaient jamais"!

Patricia Deschamps, mai 2022

sur le même thème
sur le même thème
de la même autrice
de la même autrice

Retrouvez Takalirsa sur Facebook, Babelio, Instagram  Youtube, Twitter et Tik Tok

Making of d'une chronique