Le récit de son histoire et de celle de son peuple est l'arme la plus efficace contre le terrorisme.
Irak, 2014.
Nadia habite le village de Kocho. Sa famille appartient à la communauté des Yédizis qui fait partie du peuple kurde. Ceux-ci pratiquent une religion détestée par les terroristes de Daech. Régulièrement attaqués, les hommes sont tués tandis que les femmes sont enlevées. Nadia, comme les autres, se retrouve vendue comme esclave sexuelle.
Mon avis :
L'esclavage sexuel comme arme de guerre, j'avoue n'en avoir jamais pris conscience avant ce livre... A travers le vécu de Nadia Murad en Irak, on découvre comment les Djihadistes cherchent à convertir de force à l'islam. Les hommes qui résistent sont tués, tandis que leurs filles et épouses sont enlevées, brutalisées, "enregistrées comme du bétail" puis vendues à Mossoul. Ensuite, "une litanie de viols permanents, de jour et de nuit", les attend... Le texte est pudique mais explicite ("La colère du monstre s'est déversée sur elle, toute la haine de sa religion et toute la haine des femmes"). Souvent, ces femmes sont revendues ou troquées contre quelques dollars, une arme ou encore une paire de baskets...
Nadia Murad, qui réussira à s'échapper, restera longtemps traumatisée. Mais elle réalisera aussi l'importance de témoigner afin que ce fléau international cesse enfin et que justice soit faite pour les victimes. Le dossier en fin d'ouvrage mentionne de nombreuses situations similaires en Afrique. Il évoque aussi les réseaux de prostitution de mineures en Europe, y compris en France ("Les proxénètes, à la recherche de personnes vulnérables, vont dans les gares, lieux de passage et de fugue, mais également dans les lieux de placement où sont censées être protégées les jeunes filles. Ils rôdent autour, les abordent pendant les sorties")...
Nadia Murad a reçu le prix Nobel de la paix en 2018.
Patricia Deschamps, juin 2023