Paul, surnommé Polo, a 14 ans. Il est né et a grandi dans le Morbihan avant de déménager avec ses parents et sa soeur dans une cité de la banlieue parisienne. Paul a honte de sa famille et vit difficilement sa situation actuelle. Son père, qui est femme de ménage, lui demande souvent de l'accompagner le soir pour l'aider mais aussi lui tenir compagnie. Paul aime beaucoup son père, mais il le trouve pitoyable quand il le voit accomplir son métier ingrat. Et puis sa mère, paralysée suite à un accident, ne fait rien de ses journées, pas même la cuisine. Quant à sa sœur, qui a avorté à 13 ans, elle ne vit que pour les concours de beauté. Et pour couronner le tout, le jeune garçon ne part jamais en vacances, tournant en rond dans l'appartement familial. Ses copains eux, au moins, retournent chaque été au pays...
Alors, pour s'en sortir, Paul a décidé d'apprendre un nouveau mot chaque jour. Puisqu'il ne peut pas s'appuyer sur une communauté comme les arabes, puisqu'il n'est pas assez séduisant pour tomber les filles comme les noirs, puisqu'il n'est qu'un petit blanc moche et pauvre, au moins peut-il essayer de se démarquer avec tout ce qu'il apprend dans les livres et les dictionnaires. D'autant plus que son amie Priscilla, dont il est amoureux, semble raffoler de ces mots qu'il emprunte aux grands auteurs...
Mon avis :
Au-delà du regard intransigeant d'un fils sur son père, ce roman est une réflexion sur le poids de la classe sociale et les moyens de sortir de sa condition. Pour le héros, Paul, la solution est dans le pouvoir des mots : seule peut le sauver de son destin pathétique cette érudition qui fait tant défaut à sa famille. Mais il comprend aussi peu à peu que même si les mots manquent parfois, la capacité réflexive est là et que son père n'est peut-être pas si méprisable... Quelques réserves cependant : il est dommage que le texte soit régulièrement parsemé de passages vulgaires, notamment quand Paul découvre la sexualité. Et puis la fin est un peu hâtive...
Patricia Deschamps, avril 2010