On est venus parce qu'on n'avait pas le choix.
Personne n'aimerait quitter sa famille, ses amis.
Mamadou a quitté la Guinée enfant avec sa mère pour rejoindre son père en Libye. Puis la guerre civile éclate et ses parents sont tués. Seul à quatorze ans, il va devoir survivre et prendre la route de l'Europe.
Traversée dangereuse de la Méditerranée, passage des Alpes en clandestin, arrivée difficile en France : ce véridique récit d'un jeune migrant parmi d'autres fait entendre les voix de tous ses compagnons d'odyssée, qui se battent chaque jour pour trouver un avenir meilleur.
(4e de couverture)
Mon avis :
Le récit authentique d'un adolescent africain dans un pays en guerre.
Avec des mots simples accessibles à tous, Mamadou Aliou raconte son parcours entre peur et espoir. Comment il a vécu caché pendant les bombardements en Libye, comment il s'est retrouvé entassé dans un Zodiac (entre 110 et 125 personnes par bateau!) pour traverser la Méditerranée jusqu'aux "eaux internationales" ("Il y avait tellement de monde qu'on n'avait pas la place de s'asseoir"). Comment il se retrouve sain et sauf, mais les mains vides, en Italie ("Vous avez eu beaucoup de chance") où il n'a "personne à appeler" puis en France ("Comme mon pays, la Guinée, était une colonie française, je me débrouille un peu en français; si je vais en France, je pourrai discuter avec les gens").
Là il subit des flots d'interrogatoires, est bringuebalé de foyer pour jeunes en famille d'accueil, doit passer "le test des os" pour prouver qu'il est bien mineur. Les démarches administratives sont interminables et compliquées, d'autant plus qu'il ne sait ni lire ni écrire. Heureusement Mamadou est dégourdi, souriant, et s'il croise beaucoup d'exploiteurs de misère humaine ("Je connais très bien mon père, ce n'est pas quelqu'un de sympa"), il rencontre aussi des gens bienveillants ("Ici il n'y a pas de racisme, pas de critique de religion, pas d'histoires, tout le monde est de la même famille"), bénévoles le plus souvent. Lui, tout ce qu'il veut, c'est "aller à l'école, apprendre un métier et faire du foot". C'est un garçon touchant, courageux, dont le témoignage est précieux car on n'imagine pas ce qu'endure tous ces gens qu'on qualifie froidement de "migrants". Aujourd'hui Mamadou est intégré en France cependant "ces choses difficiles que j'ai vécues, je ne les oublierai jamais".
Patricia Deschamps, janvier 2020