La gloire ? La fortune ? Je laisse ça aux capitaines, ma quête est bien différente.
Alors que l'Amérique vient d'être découverte, que le Pape a divisé le monde entre Espagnols et Portugais et que beaucoup pensent encore que la terre est plate, un homme va imaginer qu'il est possible, en partant vers l'ouest, de revenir par l'est.
En effet, Magellan est prêt à renier son pays, laisser amis et amour derrière lui, lutter seul contre tous, affronter mutineries, traîtrises, mers déchaînées, faim et maladies meurtrières afin de démontrer la justesse de ses idées : effectuer le premier tour du monde...
Mon avis :
Un album plus dynamique que celui consacré à Marco Polo (dans la même collection), tant au niveau du scénario que du trait de crayon. Le récit, rétrospectif, démarre à la mort de Magellan, mais ce n'est qu'à la fin que l'on saura par qui et pourquoi il a été tué. C'est grâce à son journal de bord que Pigafetta, le chroniqueur de Magellan, peut témoigner devant l'empereur d'Espagne Charles Quint de cet incroyable "périple de 1100 jours" dont seuls 18 hommes sur 239 sont revenus...
Certaines vignettes pleines pages de l'expédition sont magnifiques mais ce premier tour du monde de l'Histoire aura valu à son initiateur bien des obstacles et des concessions. On assiste en direct à une vaste mutinerie qui amène Magellan à prendre des sanctions radicales ("Le voyage est encore long, je suis obligé de me montrer ferme."), mais aussi à de terribles tempêtes, au froid, à la faim, la maladie et même plusieurs suicides. On apprend aussi par Enrique l'esclave que le navigateur revient de loin : rejeté par la femme qu'il aime (Rosalita), "sans un sou, sans titre et sans noblesse", il est malgré tout devenu le capitaine "d'une flotte espagnole envoyée par le roi et bénie par le pape" ! On comprend mieux dès lors son obstination : "Je ne renoncerai pas. Jamais...". Y compris face aux croyances et superstitions de ses compagnons de voyage, persuadés que "le 70e parallèle, ça n'existe pas, c'est la terre des démons".
Or comme on le sait, Magellan va découvrir le fameux détroit qui porte désormais son nom et prouvera ainsi "que notre monde est bien rond". Mais il a bien failli ne pas passer à la postérité, victime de la rivalité entre Espagnols et Portugais ! Le dossier qui suit la bande dessinée apporte des précisions précieuses sur les différents aspects abordés dans le récit (le contexte historique, les outils de navigation, l'équipage et son trajet - que l'explorateur tenait secret). Ce volume s'intègre donc parfaitement au programme de 5e sur les Grandes Découvertes, attention cependant à certains passages délicats (cadavre dévoré, femmes aux seins nus).
Patricia Deschamps, novembre 2017