Arthur Fayot est convaincu d'être un génie, et surtout l'auteur d'un futur best-seller ! Mais dans la vie, les choses sont un peu plus compliquées pour lui : la récente perte de sa mère, Kennedy l'amour de sa vie qui l'ignore, et ce Robbie Zack qui ne perd pas une occasion de l'humilier...
Pourtant, grâce aux travaux d'écriture que lui donne sa professeur de lettres, Arthur va trouver le moyen de vider son sac et... de faire rire, par la même occasion!
Texte : Babelio
Mon avis :
Journal intime, roman humoristique : ce livre hors du commun (traduit par Gilles Abier) est un peu les deux à la fois et en même temps pas tout à fait l'un ni l'autre ! Constitué d'échanges de mails, d'un carnet de lectures qui se transforme en cahier de confidences, d'articles écrits pour le journal du collège et de rédactions pour le cours de français, il nous livre un portrait original du jeune héros, à la fois drôle et touchant.
Arthur est un garçon atypique. Prévoyant de devenir "un auteur de renommée internationale", il adore écrire. Et aussi... tricoter ! Il est par ailleurs doté d'un humour décapant qui déstabilise souvent son entourage, adultes comme camarades. Ainsi, en décalage avec les autres, il semble assez solitaire : "Si je te raconte ça, carnet de lecture, c'est que je n'ai personne d'autre à qui parler". Son ego surdimensionné y est aussi sûrement pour quelque chose.
Cependant humour et assurance cachent en réalité une certaine détresse. Entre le décès récent de sa mère ("Je pense encore à elle tous les jours"), la dépression de son père ("Nos tristesses sont si différentes l'une de l'autre qu'on n'arrive pas à les partager"), son manque d'inspiration (qu'il n'ose pas avouer) pour le concours de nouvelles sensé marquer le début de sa célébrité, son incapacité à déclarer sa flamme à la jolie Kennedy et ses altercations répétées (à la limite du harcèlement) avec Robbie, le pauvre Artie semble dépassé. Surtout que "je ne sais pas comment parler de ça" et que l'adolescent s'enferme dans une impasse. D'ailleurs au bout d'un moment l'intrigue, répétitive, tourne en rond, malgré la créativité et le "piquant" des écrits d'Arthur qui s'y défoule de manière presque insolente, devenant même agaçant.
"Ne pas laisser nos émotions interférer dans notre travail", "trouve la poésie dans l'émotion de tous les jours", "aie confiance" : Mme Whitehead la prof de français coache à merveille son petit protégé, entre encouragements et serrage de bretelles. Au contact de Robbie (partenaire de travail imposé), Arthur apprend à nuancer son jugement sur les autres : non seulement son camarade connaît aussi une situation familiale compliquée ("Tu penses qu'il n'y a que toi qui vis des trucs durs"), mais il cache une grande imagination derrière son orthographe déplorable ("J'aime bien ses idées"), apprenant au passage avec lui "la force de l'humilité". Quant au club théâtre, il l'aide à "travailler les émotions à exprimer".
Au final, sans se départir de son caractère créatif et non conformiste, Arthur cherchera à s'excuser de certains de ses actes, les justifiant en toute humilité. Mais c'est pour mieux repartir de plus belle, car il existe une suite à ses déboires ce qui, selon ses propres mots, est "à la fois une chance et une malédiction" !
Patricia Deschamps, mai 2017
Un 2e conseil lecture pour 1 clic de plus !
Il est important d'être bon avec autrui, mais également avec nous-mêmes !
C'est une nouvelle année scolaire qui commence pour Arthur, celle de 4e. Revenant d'une colo d'enfer pendant les vacances d'été, il démarre la rentrée avec plein de projets en tête! Notamment la co-écriture d'un film avec son ex vieil ennemi Robbie. Mais aussi la rédaction d'un billet d'humeur dans le journal du collège... sans oublier les rendez-vous avec sa petite amie Anila !
Mais pourquoi hésite-t-il à parler d'elle à sa meilleure amie Kennedy ?
Mon avis :
Un deuxième épisode encore plus savoureux que le premier ! Le ton est plus léger, avec une intrigue davantage axée sur les sentiments, puisque le cœur d'Arthur balance entre Anila et Kennedy. Le jeune héros est plus épanoui et cela se ressent dans le ton de ses écrits. Ceux-ci, toujours aussi variés (mails, sms, articles pour le journal du collège, devoirs de français, compte-rendus du club audiovisuel), sont bourrés d'un "sens de l'humour décalé" propre au personnage et on se régale à chaque page. Quel que soit son interlocuteur, Arthur n'a "pas peur d'affirmer ses opinions" et il en résulte des textes au second degré très drôles.
J'ai aimé quand il s'empêtre dans ses justifications auprès d'Anila, écolo convaincue qui bassine tout le monde avec son sujet de prédilection "alors que ça ne semblait intéresser personne" ! Je l'ai trouvé touchant dans son désir de plaire à l'une sans blesser l'autre ("rien à voir avec ce que je ressens quand je suis avec Anila"), son hésitation entre deux jeunes filles aux personnalités et aux qualités si différentes. J'ai été émue chaque fois qu'il évoque sa mère décédée ("si tu savais comme elle me manque") et surtout ce qu'aurait été la même situation "si seulement elle était là. Elle saurait m'aider"...
L'intrigue prend une tournure plus grave dans la dernière partie, autour du personnage de Robbie : il y est question de vol et de harcèlement, notamment à cause d'une certaine Catie qui prend plaisir à faire circuler des rumeurs diffamatoires. Arthur hésite alors entre soutenir son copain et l'éviter par peur des ennuis... Entre le sentiment de perdre tous ses proches un à un (lui qui avait enfin réussi à sortir de l'isolement et se faire des amis !), et l'indifférence de son père ("Franchement, il ne donne pas l'impression de s'intéresser beaucoup à moi !"), Artie se laisse à nouveau envahir par les pensées négatives, ce qui affecte son super projet de film "Ecole de zombies" ("le prochain blockbuster hollywoodien" !) et ses devoirs de français.
Mais contrairement à ce qu'il pense, Arthur n'est plus seul, et même si toutes ses contrariétés ne sont pas réglées, on le quitte à nouveau "créatif et incroyable" et motivé pour son année de 3e !
Patricia Deschamps, mars 2018