Les gens inventent tout et n'importe quoi. Le pire, c'est que plus c'est n'importe quoi, plus les gens y croient.
Batool, 15 ans, est repérée un jour dans un supermarché pour participer à l'émission de télévision "Le Dernier Survivant" édition junior. Enthousiaste, elle intègre le tournage avec d'autres jeunes de son âge. Sur l'île, les complicités se nouent et se défont au fil des épreuves. Batool est impatiente de voir le résultat et surtout la réaction de ses proches. Mais rien ne se passe comme prévu car le montage de l'émission est sans pitié et donne de l'aventure une toute autre version. Une phrase sortie de son contexte et tout bascule. Insultée sur les réseaux sociaux, lâchée par ses amis, Batool regarde sa vie s'effondrer...
(4e de couverture)
Mon avis :
J'ai choisi ce livre pour la collection, que j'aime proposer à mes "petits" lecteurs de 4e/3e. Le roman est effectivement rapide et facile à lire, cependant le thème de la télé-réalité me semble un peu éculé. "Le dernier survivant" est une copie adolescente de Koh-Lanta et les passages racontant l'évolution de Batool sur l'île ne sont guère intéressants car ils font déjà vus.
Le récit alterne entre passé et présent. Batool raconte comment elle est passée du statut de superstar à celui de "superparia", de pestiférée "seule face au regard des gens". Le suspense tourne autour de la fameuse phrase qu'elle a sortie pendant le tournage et qui est la cause du "bad buzz" qu'elle a provoquée ("Je suis la fille qui a dit ces horreurs à la télé"). On apprécie l'ironie de la situation de celle qui "aspirait à la célébrité"...
La manipulation de la télé-réalité, "les effets pervers du montage, du mixage, de la voix off qui commente faits et gestes", rien de nouveau. L'image que Batool renvoie aux téléspectateurs est faussée ("A la télé, je suis la guerrière" mais en réalité "Je ne suis pas celle qu'ils veulent que j'incarne"). Une réplique saisie en caméra cachée, sortie de son contexte, et la polémique éclate.
Ce qui est intéressant dans l'histoire, c'est qu'elle va amener l'héroïne à reconsidérer sa propre attitude sur les réseaux sociaux. Elle-même victime d'insultes, objet de caricatures ("la guerrière au turban") et de fake news, elle s'en veut d'avoir agi de la sorte avec une certaine Hillary. Comme elle autrefois, "tout le monde a jugé et trop peu ont voulu comprendre".
L'expérience sera l'occasion pour Batool de saisir "une seconde chance" ("Je pars pour savoir vivre"), de "renaître" loin de tout ça, "maintenant que je sais qui je suis".
Patricia Deschamps, février 2021
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