Vivement que je retourne dans ma forêt, se dit Artémis, je suis plus douée pour parler aux sangliers qu'aux humains.
Artémis fait son entrée à l'école. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle n'est pas une élève facile ! Farouche, bagarreuse, provocatrice, elle n'hésite pas à partir à la chasse de tous les affreux qui l'embêtent, quand elle ne transforme pas les timides en cibles vivantes pour s'entraîner à l'arc. Le maître, Chiron le centaure, apprécie moyennement ces initiatives et le renvoi est envisagé pour Artémis...
(4e de couverture)
Mon avis :
Dans "Les z'héros grecs", Paul Beaupère prend les mythes à contre-pied de manière très drôle !
La petite Artémis est une intrépide qui fatigue tout le monde à commencer par son jumeau Apollon! Avec son "caractère de feu", elle enchaîne gaffes et bagarres, au grand désespoir de sa mère Léto. Son père Zeus, lui, est plutôt fier de cette gamine au caractère bien trempé qui ne se laisse pas faire (elle a de qui tenir!), même s'il en perd parfois sa dignité ("Elle me plaît cette petite"). Les scènes cocasses se succèdent, à commencer par une arrivée en fanfare à l'école sur le dos de son père à secouer les éclairs dans tous les sens ("Tu sens la saucisse grillée, papa")! Apollon n'est pas en reste, lui qui, futur dieu de la musique, "chante comme une casserole rouillée"! Les bons mots foisonnent (j'ai adoré la blague du cadran solaire en panne... la nuit, forcément!), on s'amuse à chaque chapitre avec "Arté", "Apo" et "Péné"(lope) et leurs Artémis' girls qui ont entrepris d'entraîner leur égérie au tir à l'arc qu'elle maîtrise aussi mal que son frère sa voix ("Comment fais-tu pour que la flèche parte derrière toi?").
Malgré tout la jeune héroïne est également touchante car elle se met à douter de ses capacités ("à part s'attirer des ennuis, elle ne sait rien faire"). Et puis son agressivité n'est pas gratuite, elle se concentre sur Tityos et ses acolytes, une bande de brutes qui martyrisent tout le monde, notamment les filles. L'histoire se teinte d'ailleurs d'une touche de féminisme sur la fin avec le tournoi de tir à l'arc. Enfin, ces deux graines de dieux pas doués véhiculent un message de persévérance: en s'entraînant, même les plus mauvais peuvent finir par briller!
Un petit roman illustré en couleur qui donne envie de découvrir le titre consacré à Héraclès!
Patricia Deschamps, septembre 2019
- Je suis le plus fort, je suis le meilleur, je suis le plus grand, c'est moi Héraclès !
Héraclès revient à Thèbes auréolé de gloire après avoir effectué ses 12 travaux. Mais il est immédiatement convoqué sur l'Olympe par son père, le grand Zeus. Eurysthée l'accuse d'avoir triché ! Une à une, les victimes d'Héraclès exposent leur version des faits devant le tribunal des dieux, et leur récit est loin d'être à la gloire de notre héros. Héraclès est donc condamné à effectuer un 13e travail, et non des moindres : ramener le terrible Cerbère, le gardien des enfers...
(4e de couverture)
Mon avis :
Héraclès en gros plein de muscles mais sans cervelle, j'adore !
Entre le retour triomphal du héros à Thèbes, le musée des horreurs qu'est le défilé des plaignants à son procès et le parcours du combattant au cœur des Enfers remplis de créatures terrifiantes, les différents épisodes de ce petit roman plein de peps abordent une fois de plus la mythologie sous un angle très drôle. Super populaire, faisant le beau devant les filles, Héraclès fait pourtant l'effet d'un poltron qui passe son temps à fuir et esquiver (tu parles d'un héros!).
Quant aux dieux de l'Olympe, ils sont plutôt dissipés voire bagarreurs, Aphrodite ne pense qu'à son teint, Zeus à manger, et Héra n'est jamais contente. Devant eux se succèdent les victimes (mal en point, il faut bien le reconnaître) du demi-dieu, depuis le lion de Némée tout miteux et puant ("Il doit me rendre ma peau, j'ai froid!") en passant par l'hydre de Lerne ("Je suis moche et je sens le brûlé... Comment voulez-vous que je réussisse ma vie maintenant? - Mais ce n'est pas grave puisque vous êtes morte!), jusqu'à Cerbère "le toutou des Enfers".
Personnages et créatures sont si caricaturés qu'ils en deviennent cocasses, ce qui fait bien rire et aide aussi, l'air de rien, à mémoriser leurs caractéristiques. Si le passage du procès peut sembler un peu long, les bons mots font sourire à chaque page ("Hip hip hip Héra!"). Une collection réussie, dont on attend avec impatience le prochain titre: "Thésée énerve le Minotaure"!
Patricia Deschamps, septembre 2019
Thésée est vieux, Thésée est las, Thésée est fatigué. Mais il aime bien raconter ses exploits, assis sur un banc au soleil, à tous les enfants grecs qui veulent entendre parler du grand héros qu'il fut, qui a vaincu l'horrible Minotaure, est sorti vivant du labyrinthe, tout ça pour les beaux yeux de la belle Ariane. Seulement voilà! La mémoire du vieux Thésée vacille, et il a tendance à tout confondre et à se mélanger les pinceaux, au risque de réécrire un peu l'histoire...
(4e de couverture)
Mon avis :
Cet opus de la série est un pur délire! Comme dans Les 13 travaux d'Héraclès, le héros est plus piteux que glorieux, cette fois sous les traits d'un vieil affabulateur qui "s'amuse à faire le zouave" ("A son âge, si c'est pas une misère!"). Thésée a en effet entrepris de reconstituer ses aventures avec les moyens du bord (une nappe pour cape, une louche pour épée..!) afin de rendre son récit plus vivant et de convaincre les gamins qui l'écoutent (et les adultes!) de la valeur de ses actions de jeunesse.
Excité comme un gamin ("Dis donc l'ancêtre, faut pas te mettre dans cet état!"), le vieux Thésée revit littéralement sa propre histoire, embarquant au fur et à mesure tous ceux qui croisent sa route. La belle Ariane est jouée malgré elle par la vieille Hécatée à "deux dents et trois cheveux, si sale que l'eau refuse de la toucher", le roi de Crète par un tavernier à "la grosse face mal peignée", un drôle de monstre attend la petite troupe dans la cave (labyrinthique) du "Taureau Furieux" et un Minotaure inattendu surgira au moment où le héros croit être venu à bout de l'épreuve! On y rit beaucoup, tant Thésée se démène et enchaîne les situations rocambolesques. Cependant un jeune qui ne connaît pas le mythe ne saura pas déceler la véracité derrière le comique.
Petit à petit, tout le monde se met à jouer le jeu, entraîné par l'enthousiasme du vieillard qui se voit bientôt "suivi d'une foule compacte et curieuse de connaître la suite". Thésée (et l'auteur derrière lui!) symbolise à lui seul une magnifique ode à l'imagination qui transfigure tout. Chaque lieu, chaque objet, chaque personne se trouve transformé par la force de son récit: "Comment se fait-il qu'il la trouve belle, jeune et jolie? - Parce qu'il raconte une histoire!". Et celui qui n'était que drôle au départ devient émouvant parce que l'on comprend qu'il est en train de revivre la jeunesse glorieuse que tout le monde a oubliée. Et quoi de mieux que les histoires partagées pour que vivent à jamais les exploits du passé?
Patricia Deschamps, septembre 2020