À l'occasion de leur anniversaire de mariage, Émilie retrouve ses grands-parents dans leur grande maison de montagne avec toute la famille. Grandes tablées, baignades en rivière, jeux de société, ce week-end s'annonce parfait. Mais l'un des participants va troubler Émilie. Ses souvenirs d'enfance et des agressions sexuelles qu'elle a subies vont remonter à la surface et la plonger dans une profonde incompréhension. Comment cet homme, pédophile reconnu et déjà condamné par la justice, a-t-il pu être invité à partager ces quelques jours d`intimité familiale ? À côtoyer et partager les jeux des enfants présents ?
Mon avis :
Les couleurs de cette bande dessinée sont toutes douces, à l'opposé du thème évoqué: l'inceste. Tel le loup qui rôde dans la campagne environnante, l'homme qui a autrefois abusé d'Emilie s'est mêlé à la fête familiale. Au départ on ne sait pas trop qui il est (beau-père? oncle?) car bien sûr la jeune femme le fuit.
Le plus choquant, c'est que la présence du pédophile ne semble déranger personne. "Tu savais qu'il serait là?", demande Emilie, furieuse, à sa mère. Au début je pensais que c'était de la négligence, mais en réalité, la famille est au courant des événements, il y a d'ailleurs eu procès.
Peu à peu, on se rend compte que sa famille ne ménage pas la pauvre Emilie, tout d'abord concernant son statut d'actrice ("Ah? Parce qu'elle compte en faire un métier?"). Au fur et à mesure que les souvenirs douloureux remontent et que la jeune femme laisse exprimer ses émotions, mélange de détresse et de colère, on voit les autres la dénigrer, minimisant ce qu'elle a vécu et ressent encore ("C'est du passé").
Heureusement Emilie est soutenue par son amoureux qui va l'aider à affronter sa famille ("Tout le monde le protège, c'est hallucinant!"). "Comment c'est possible qu'ils le voient encore!", s'insurge Tom. Emilie est tentée de fuir, alors que "C'est à lui de partir". Au final, elle aura dit ce qu'elle avait sur le coeur, laissant chacun choisir son camp, bourreau ou victime. Elle saura ainsi sur qui elle peut compter et partira la tête haute, sans regrets.
Patricia Deschamps, novembre 2024