- La femme peut être le recours et l'inspiration de l'homme. Elle peut aussi être sa ruine.
Hercule Poirot aimerait bien passer des vacances tranquilles. Une petite île, un hôtel agréable, une cuisine soignée, des pensionnaires charmants...
Tout irait pour le mieux si, au milieu des estivants, ne tournait Arlena Marshall, une de ces femmes fatales qui font perdre la tête aux hommes.
Mais était-ce une raison pour l'étrangler ?
(4e de couverture)
Mon avis :
Inconditionnelle d'Agatha Christie, je prends grand plaisir à relire ses romans, découverts dans ma jeunesse. En cette période estivale, celui-ci est un choix de circonstances, parfaitement approprié !
L'auteur prend le temps de poser le cadre et de camper les personnages avant que ne survienne le meurtre, ce qui fait lentement monter la tension et permet au lecteur apprenti détective d'analyser la situation en vue d'essayer de résoudre l'énigme. Les caractères et allures des protagonistes sont facilement identifiables et on se repère vite dans le microcosme du Jolly Roger, cet hôtel de luxe pour clientèle distinguée surplombant la baie de Leathercombe. Soleil, plage et potins sont au rendez-vous dans cette intrigue en huis clos. Seul le chapitre 10 contraste avec l'ambiance balnéaire : en ville, l'affaire soulève les médias du fait de la notoriété de la victime, une actrice ("Une petite foule quittait l'auberge.").
Si Hercule Poirot nous précise que "un meurtre n'est jamais un fait isolé. Un meurtre découle, neuf fois sur dix, du caractère de la victime et de sa personnalité", qu'Arlena Marshall a été "étranglée par un homme avec des mains comme des battoirs" et qu'une enquête est comme un puzzle (sa célèbre théorie !), "on assemble les pièces très méthodiquement", force est de reconnaître que la solution nous échappe, une fois de plus ! Les suspects ne sont pas très nombreux mais les mobiles tous crédibles ("Je ne pense pas qu'elle voulait vraiment la tuer. Je veux dire... elle devait avoir envie qu'elle soit morte. Ce qui n'a rien à voir, n'est-ce pas?"), les fausses pistes habilement gérées (Linda avait "des mains pathétiques, larges et rouges."), la victime différente de l'opinion générale ("C'était la reine des gourdes."), et il faut donc attendre le raisonnement du détective belge qui "réserve toujours mes explications pour le dernier chapitre" (petit clin d’œil très drôle de l'auteur !) afin d'avoir la résolution du mystère, tramée autour d'un subterfuge inattendu.
Encore un agréable moment de lecture dans l'univers de la reine du crime !
Patricia Deschamps, août 2018