Les Mésanges : Lila

roman d'Audrey BISCHOFF

Ce que je suis, moi vraiment, incommode les autres. Je ne comprends pas pourquoi.

Rouergue, 2023, 171 p.
Rouergue, 2023, 171 p.

Lila a une spécialité : être hyper visible. Robe pailletée moulante, démarche chaloupée et verbe fleuri. Plutôt provoquer que subir les regards !

Mais derrière tout ça, il y a les complexes, les prises de tête familiales et la tendresse qui manque.

Heureusement, quelque part entre le 23e et le 24e coup de foudre pour le beau Yanis, Lila va comprendre des milliers de choses: sur son corps, sa famille, l'amour, l'amitié, bref, sur la vie!

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Lila: voilà un personnage fort intéressant, tout en subtilité. Au premier abord, Lila a l'air sûre d'elle, mais son extravagance n'est qu'un masque. Certains garçons ne se gênent pas pour la qualifier de "pulpeuse" alors elle met en avant ses rondeurs avec des vêtements moulants. On lui fait une réputation de "pute" ("La fille qui couche avec tout le monde, qui est sortie avec un tas de mecs"), alors elle joue les provocatrices. La mère de sa copine Abi veut l'inviter à déjeuner, elle esquive avec des faux prétextes.

 

En réalité, Lila a peur de ne pas être à sa place dans la famille d'Abi. Chez elle avec sa mère, un moment convivial n'existe pas, et on se nourrit de chips. Pire, sa mère ne fait que hurler et lancer des reproches. J'ai été choquée par la violence de certaines paroles: "T'es une incapable, t'es une merde, j'ai honte d'avoir une mioche comme toi!". Une mère ne devrait-elle pas "aimer ses enfants comme ils sont"? Et lorsqu'elle va chez son père ("baba") le week-end, Lila a l'impression de faire "tache dans ta petite famille parfaite".

 

Pour étouffer ses émotions, Lila mange ("Je comble ce grand trou en moi"). Ses rondeurs, elle ne les aime pas ("Ça gigote, ça tremblote") et elle est persuadée "que Yanis ne veut pas de moi à cause de mon poids". Quand elle ne va pas bien, l'adolescente s'empiffre jusqu'à la nausée ("Je me force à vomir aux toilettes, j'ai déjà assez de graisse comme ça").

Quant aux ragots que "tout le monde raconte sur moi", ils n'ont aucun fondement car "je n'ai jamais embrassé personne, et tout le monde croit le contraire".

 

Il faudra du temps et d'imperceptibles changements pour que Lila sorte de cet état d'esprit. Cela se manifeste tout d'abord par un gros ras-le-bol: "Si je suis féminine, je suis une salope. Faut pas être trop maigre (...) mais si tu as trop de seins, de fesses, c'est dégoûtant. Si t'as une gueule d'Arabe, tu dois être musulmane (...). Mais si t'as décidé de mettre le voile, c'est trop. Il me reste très peu d'espace pour ÊTRE." Comme on la comprend!

Heureusement il y a la piscine, le dimanche matin: "Sous l'eau, je suis moi, avec mes formes, ma religion, ma féminité. Tout assemblé et harmonieux".

 

C'est ce qui guidera Lila sur le chemin du mieux-être: s'écouter soi, agir pour se libérer de ce qui fait souffrir. Et pour cela, elle s'appuiera sur son amitié avec Abi. C'est en se concentrant sur l'essentiel qu'une nouvelle vie pourra commencer!

 

Patricia Deschamps, mars 2024

"A contre-corps" de Louison Nielman
"A contre-corps" de Louison Nielman

 

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