Les Misérables

adapté par Crystal SILVERMOON d'après le roman de Victor HUGO

Dessins : SunNeko LEE

Vous avez bien assez souffert...

Nobi nobi !, 2016, 336 p.
Nobi nobi !, 2016, 336 p.

En France en 1815. Après la défaite de Napoléon Bonaparte à Waterloo, la monarchie a repris le pouvoir, plongeant le peuple dans la misère.

 

Jean Valjean, 46 ans, sort de prison où il a passé dix-neuf années pour avoir volé un morceau de pain. Rejeté par tous, il trouve finalement l'hospitalité chez un prêtre. Mais, sans le sou, il ne peut s'empêcher de s'enfuir avec l'argenterie.

 

Cependant le prêtre ne lui tient pas rigueur de cet acte désespéré : il prétend aux policiers avoir lui-même donné l'argenterie à Valjean. Celui-ci, profondément touché par l'attitude du prêtre, se promet de devenir un homme meilleur.

 

Cinq ans plus tard, il est devenu un maire généreux et respecté. Mais son passé de bagnard va le rattraper...

Mon avis :

Avec ce titre encore davantage qu'avec les autres, les éditions Nobi nobi remplissent pleinement leur objectif car le roman de Victor Hugo est difficilement accessible aux collégiens. Avec cette adaptation en manga, les auteurs réussissent le pari de synthétiser cette oeuvre dense sans en perdre la cohérence ni la fluidité. Les personnages, bien campés, ont des caractéristiques d'emblée identifiables : les Thénardier sont des rapaces sans scrupules à l'appât du moindre gain ; Javert le tenace traquera Jean Valjean sans répit, faisant de la vie de celui-ci une éternelle cavale ; Fantine, la pauvre Fantine, condamnée à la déchéance, à la détresse si poignante, est certainement la plus atroce victime de cette société si abjecte. Le jeune Marius occupe la dernière partie du récit, consacrée aux barricades de 1832. Le contexte historique, centré sur l'essentiel, est plus clair et digeste que dans le roman. Gavroche est pétillant, et l'on redécouvre le personnage d'Eponine, fille Thénardier, secrètement amoureuse de Marius. En fait, cette version épurée permet de prendre toute la mesure de l'oeuvre, notamment au niveau de sa structure, puisque les personnages se croisent et se recroisent par cycles, relançant chaque fois une intrigue que l'on pensait bouclée. Car il y en a des rebondissements dans cette épopée ! Et surtout, on est touché par la situation misérable dans laquelle évoluent les uns et les autres, poussés malgré eux à des actes ignobles dans le seul but de survivre dans cette société inégalitaire ("ce monde est trop injuste !")... Jean Valjean était un homme bon avant de devoir voler pour manger. D'ailleurs il passera sa vie à racheter sa faute par des actes de bonté et de générosité, et mourra apaisé. Et même si cette fresque sociale a un goût amer, elle s'achèvera sur une note d'espoir, symbolisée par le personnage de Cosette que l'on imagine enfin trouver le bonheur malgré la perte de son "père" : "La graine de la liberté et de l'égalité a été plantée. Plus rien ne pourra l'empêcher d'éclore à présent".

 

Patricia Deschamps, mars 2017

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