Je crois que, dans nos vies, même les pires événements ont un sens. Ils nous aident à nous transformer, par la force des choses.
Humilié par son épouse volage, Shahryar, le roi de Perse, est persuadé que toutes les femmes sont infidèles. Pour se venger, il décide d'épouser chaque jour une jeune fille qu'il tuera le matin suivant, après la nuit de noces.
Afin de mettre un terme à cette folie, Shéhérazade se porte volontaire, épouse le roi et, pendant mille et une nuits, lui raconte d'extraordinaires histoires...
Résumé : Analir pour Babelio
Mon avis :
A l'image de Shéhérazade à qui il prête ses mots, Jacques Cassabois est un merveilleux conteur. Son écriture est si vivante, les dialogues si épicés, que l'on savoure chacune des histoires de ce fabuleux univers oriental, y compris lorsqu'on la connaît déjà ! Et on imagine aussi très bien ces contes lus à voix haute.
Dans cette douzaine de récits souvent enchâssés, aux nombreux rebondissements et péripéties, il est essentiellement question des "petits et grands travers de l'humanité" : jalousie et envie, ruse et tromperie, curiosité et cupidité... L'image de la femme y est particulièrement malmenée : en général infidèle et volage, celle-ci se révèle aussi menteuse et calculatrice. Seule Morgiane, la servante dans Ali Baba, affiche la fraîcheur de ses belles qualités au milieu de ce tourbillon d'épreuves et de tourments, de "parties libertines" et de têtes tranchées. Heureusement le texte ne manque pas d'humour ("Dans ses larmes, elle voyait flotter les dinars, les diamants, les colliers... Cela la consolait énormément.") et le mérite est au final récompensé.
Entre deux séries de contes, de courts intermèdes reviennent à Shahryar, le sultan haï dont l'attitude a été judicieusement explicitée dans l'introduction. Celui-ci, subjugué (comme le lecteur !) par les histoires de Shéhérazade, entreprend une lente métamorphose, reprenant progressivement goût à la vie et sa légèreté ("Quand avait-il souri pour la dernière fois ?"). Les récits de Shéhérazade, qui font parfois écho au propre vécu du roi, ont pour but de l'encourager à la réflexion afin "qu'il oublie sa haine". Shéhérazade, c'est "la douceur qui guérit", la tendresse qui accompagne sur "le long chemin du pardon". Ainsi, "un être nouveau se dégageait peu à peu de l'ancien", jusqu'à ce que Shahryar, enfin apaisé, trouve la paix intérieure.
Patricia Deschamps, août 2017
►Voir aussi