Les loups chantants

roman d'Aurélie WELLENSTEIN

fantasy
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Scrinéo, 2016, 285 p. (Pocket)
Scrinéo, 2016, 285 p. (Pocket)

Frappée par une maladie rare, la peau de Kira se couvre de glace. Dans quelques jours, la jeune fille sera devenue une statue, prisonnière de son propre corps.

 

Pour la sauver, son frère, Yuri, s'élance avec son attelage de chiens de traîneaux à travers les mille kilomètres de steppes glacées qui les séparent l'hôpital.

 

Mais aussitôt partis, une meute de loups psychiques les prend en chasse. Les prédateurs s'infiltrent dans l'esprit du jeune homme, et la louve de tête lui souffle alors un terrible secret : elle est son ancienne petite amie...

(4e de couverture)

Mon avis :

Une aventure en milieu hostile, au cœur de croyances ancestrales.

Yuri et sa sœur Kira vivent dans un monde envahi par l'hiver six mois par an. Pour survivre au froid, repousser le blizzard et se protéger de "l'esprit des glaces" Korochun, une seule méthode : les incantations magiques que Kira, en tant que Gardienne de la communauté, maîtrise plutôt efficacement. Mais la voilà bannie: son corps se couvre peu à peu de glace et pour le chaman, elle est "possédée".

La première partie, celle où le frère et la sœur, en fuite avec leur amie Anastasia, luttent contre les éléments et contre les tentatives d'enchantement des loups "psychiques", est un peu longue et répétitive. Il y est essentiellement question de survie, même si l'on apprécie les autres thématiques en filigrane : la relation fraternelle très forte qui fait que Yuri est prêt à tout pour sauver Kira, le deuil de sa petite amie morte que le jeune garçon n'arrive toujours pas à faire, et cette opposition science/croyance qui revient constamment (Kira est-elle victime d'une maladie ou d'une malédiction?). Anastasia, qui est infirmière, tente de rationaliser tous les événements surnaturels qui surgissent, mais plus le récit avance, plus cela devient difficile.

 

Anastasia fait ses études à la capitale, elle porte des jeans et fume : bref, elle "méprise la magie" et "n'a aucune fois en nos traditions". Elle veut soigner Kira à l'hôpital ("Tu n'es pas possédée, tu es malade"). Elle symbolise la modernité et ce sont bien deux mondes, deux modes de vie qui s'affrontent. Mais la ville est loin, au sens propre comme au figuré puisqu'elle n'est qu'évoquée et jamais atteinte. La seule à laquelle le trio parvient est un mirage, l'ancienne capitale abandonnée mais maintenue illusoirement en l'état par un sortilège. Les loups, sur les traces de l'équipée, s'insinuent toujours plus dans les pensées, les rêves et même l'action. Yuri lui-même possède le don de se connecter à l'esprit de son chien de traîneau avec qui il est très complice, Orion. Cette partie-là propose davantage de surprises et de rebondissements. J'ai beaucoup aimé le passage où le héros occupe l'esprit et le corps de son chien pour se sortir d'un mauvais pas. On assiste également à une cérémonie occulte et à "la terrible déchéance" de Kira.

 

Le dénouement se fait attendre. Entre métamorphose et pacte maudit, les protagonistes devront faire des choix, celui d'une vie sauvage mais libre, celui de continuer d'entretenir des chimères... ou d'accepter de vivre, encouragé par l'amour des siens.

Patricia Deschamps, décembre 2018

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