L'héroïne, Clémentine Beauvais, autrice jeunesse déprimée par une série d'échecs littéraires et amoureux, trébuche sur une curieuse énigme historique :
QUI ÉTAIT LA MARRAINE LA BONNE FÉE DU PETIT PRINCE LOUIS XVII, FILS DE LOUIS XVI ET MARIE-ANTOINETTE ?
Comment cette fée - dotée, comme toutes ses consœurs de l'époque, de pouvoirs magiques puissants - a-t-elle pu abandonner le petit prince à une mort atroce ? Plus étrange encore, pourquoi a-t-elle disparu des archives de l'Histoire après la Révolution ?
Et si derrière ces mystères se trouvait la clef d'une autre, encore plus grand :
QUE S'EST-IL PASSÉ LE JOUR OU LA MAGIE S'EST EVAPORÉE ?
(4e de couverture)
Mon avis :
Clémentine Beauvais nous a habitué·es à des histoires originales et celle-ci ne fait pas exception! Elle nous embarque dans le monde des marraines la bonne fée, mêlant énigme historique (mais qu'a fichu celle du pauvre petit Louis XVII, mort dans son cachot après la décapitation de ses parents?), humour et fantastique. J'ai beaucoup aimé que l'autrice se prenne pour personnage principal. Elle dresse son portrait avec auto-dérision et les dialogues, souvent improbables, qu'elle a avec les gens qu'elle rencontre, sont très drôles.
L'enquête qu'elle mène sur les marraines la bonne fée est très instructive. Celles-ci, "une flopée de femmes aux pouvoirs magiques puissants qui, à une époque où le mariage ou le couvent étaient les deux destinations traditionnelles des femmes de la noblesse, vivaient une existence parfois complètement libre et économiquement indépendante", sont présentées sous un angle féministe qui m'a bien plu. J'ai aussi beaucoup aimé la thèse de Zacharie l'étudiant qui propose "une réinterprétation queer des marraines la bonne fée"!
Quand Clémentine déniche une baguette magique vieille de deux siècles, le récit bascule dans la magie. Bien pratique cette baguette "qui détecte des menaces et/ou des solutions"! Les scènes où elle se déclenche sont assez cocasses. Par contre, on tombe ensuite dans des situations plus délirantes voire loufoques auxquelles j'ai nettement moins adhéré. Néanmoins cet aspect-là est contrebalancé par une réflexion sociologique sur les inégalités sociales vainement combattues depuis la Révolution française. Si les marraines la bonne fée ont autrefois choisi d'arrêter d'aider les aristocrates, elles s'occupent désormais (oui oui, elles existent toujours!) des enfants de la bourgeoisie, plus méritants, certes, que ces oisifs de nobles, mais toujours au détriment des enfants du peuple (il faut avoir les moyens de les payer, n'est-ce pas).
Par ailleurs, les interventions magiques des marraines la bonne fée dans les grands événements de la vie remettent en question le mérite personnel ("Personne ne se fait soi-même)... D'un autre côté, il peut être rassurant de savoir que quelqu'un veille sur nous... Que l'on adhère ou pas à l'idée, force est de constater que Clémentine Beauvais, avec son livre, apporte dans nos vies parfois compliquées une touche de magie donnant du baume au cœur.
Patricia Deschamps, juillet 2023