Lebensborn

roman graphique d'Isabelle MAROGER

- C'est un bon aryen !

- BON A RIEN !

Bayard graphic', 2024, 224 p.
Bayard graphic', 2024, 224 p.

Un matin qu'elle se promène avec son fils, bébé, Isabelle Maroger se fait interpeller par une femme qui la complimente pour ce bel enfant blond aux yeux bleus et ajoute « ça devient rare comme race »...

Un choc pour Isabelle, qui réalise qu'il est temps pour elle de raconter son histoire. Car si elle est, elle aussi, grande, blonde et aux yeux bleus, c'est parce qu'elle est à moitié norvégienne. Sa mère est née, pendant la guerre, dans un Lebensborn, ces maternités mises en place par les nazis pour produire à la chaîne de bons petits aryens.

 

(4e de couverture)

Mon avis : 

Lire le début du roman graphique
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Le graphisme est très agréable, on est d'emblée séduit·e par le joli style de l'autrice qui, dans certaines scènes, met les personnages principaux en couleur tandis que l'arrière-plan reste grisé. Cela compense avec la dureté du propos: "Ma grand-mère a accouché dans une maternité nazie", où la femme était considérée comme "une machine à bébés".

 

En effet, "pendant que des Juifs étaient exterminés dans des camps, des aryens naissaient dans des pouponnières nazies scandinaves", pour la plupart situées en Norvège, entre 1942 et 1945. On suit l'enquête de la maman d'Isabelle sur sa mère biologique et les retrouvailles émouvantes avec sa famille allemande. Cette plongée dans ses origines lui fait découvrir Hurdal Verk, "une des grandes maternités nazies de la région d'Oslo", le certificat "racialement valable" (!) ainsi que le baptême nazi (...). L'histoire familiale, c'est ainsi la honte d'être fille mère, et de garder un bébé de l'ennemi ("Allemand était la pire des insultes").

 

Néanmoins nul doute: "Ta mère t'aimait! Elle a fait ce qui lui semblait le mieux pour toi. Pour te sauver et t'offrir la meilleure vie!". Alors si le frère de l'autrice "n'accepte pas l'idée d'être issu d'un programme nazi", pour celle-ci, désormais, cette grand-mère "vit en nous", car "avoir retrouvé nos racines, c'est comme avoir retrouvé quelques pièces de puzzle manquantes à mon identité et surtout à mon cœur".

Patricia Deschamps, mai 2024


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