Nous vivons dans une société qui a un rapport perturbé à la nourriture et au corps.
Maggie est une jeune américaine de vingt-trois ans installée à Paris. À cause de son obésité, elle se heurte au regard des autres, à la difficulté de trouver du travail, d'avoir des amis, de rencontrer l'amour.
Un jour, lors d'un entretien d'embauche dans une multinationale, on lui fait une proposition totalement inattendue. Si Maggie l'accepte, elle risque de voir le cours de sa vie changer du tout au tout. Mais pour cela, il va falloir quitter l'ombre et affronter la lumière.
Maggie, « l'autruche » complexée et mal dans sa peau, va-t-elle réussir à prendre son envol ? Quelles épreuves et quelles joies l'attendent ? Comment se dévoiler lorsqu'on a passé toute sa vie à se cacher ?
(4e de couverture)
Mon avis :
Les confidences d'une femme obèse, entre souffrance et espoir.
Ce qu'elle vit et ressent au quotidien, Maggie le dévoile progressivement, avec pudeur, et puis de plus en plus honnêtement au fur et à mesure que s'impose le besoin de se révéler. C'est une personnalité pleine de contradictions, à la fois "drôle, agressive, provocatrice, cynique" car mal dans sa peau. Depuis des années, la jeune femme endure "critiques et quolibets", se fait "dévisager méchamment dans la rue", a honte de son corps au point de prendre sa douche dans le noir. Bien sûr elle s'interroge sur ce que représente la nourriture pour elle, pourquoi est-ce qu'elle "se jette dans la bouffe". Son "désir de se remplir le ventre, aussi artificiel et maladif soit-il", l'apaise. Cependant elle a désormais atteint une obésité morbide et il y a urgence à ralentir le processus. Et pour cela, il faudrait "analyser les peurs qui sont ancrées en moi depuis toujours".
"Etre heureuse obèse ? Est-ce finalement un peu possible ?". Plusieurs personnes vont accompagner Maggie "sur le chemin extraordinaire d'une prise de conscience libératrice". Il y a tout d'abord les compagnons de toujours : Jason le complice protecteur et Bouddha son compagnon de souffrance, prêts à l'écouter et l'encourager. Avec eux, Maggie peut s'épancher et surtout, elle va apprendre à relativiser. "Sous prétexte que tu es obèse, il n'y a que toi qui as le droit de souffrir", lui fait remarquer Jason dont l'homosexualité "m'a toujours paru moins lourde à vivre que mon obésité", à tort ! Quant à Bouddha, son obésité, due à une maladie orpheline, met sa vie en danger...
Et puis il y a Leïla et Sandra, respectivement couturière et maquilleuse, qui vont amener doucement la jeune femme à "me réapproprier mon corps". Ainsi, Jason avec "son amour indéfectible", Leïla avec "sa solidarité fraternelle", Bouddha avec "son amour immense" et Sandra avec "sa paisible présence", sans oublier Louis-Valentin sensible à son charme, vont tous contribuer à son épanouissement.
Si le texte semble parfois manquer de construction et que le style pourrait être épuré, l'héroïne est un personnage attachant que l'on suit avec bienveillance dans son éclosion. Au bout de quelques semaines déjà, son rapport à la nourriture aura beaucoup changé : "Forte de toutes les expériences que j'ai vécues ces derniers mois, j'ai beaucoup mûri". Sans renier ce qu'elle est, Maggie aura avant tout appris à considérer les choses autrement. Car peu importe les complexes qui nous hantent, "il n'est jamais trop tard pour commencer à s'aimer".
Patricia Deschamps, mai 2019