Pourquoi n'ai-je rien dit ? Pourquoi est-ce que je me suis tu alors que j'avais tant à lui dire ? Tous ces mots si précieux, perdus pour toujours.
Parce que leur village souffre d'une famine sans précédent, Ivar, Kaya et Oswald partent braconner sur les terres du Jarl. Mais ils sont surpris par le fils du seigneur accompagné de son "berserkir", ces monstres mi-homme mi-bête qui leur servent d'esclaves guerriers. Suite à une lutte acharnée, ces deux-là se retrouvent au fond d'un ravin.
Sauf que l'incident remonte aux oreilles du seigneur Thorwalds qui fait capturer les trois amis pour meurtre. Les voilà condamnés à ingérer un parasite qui va les transformer en berserkirs ! Au bout de sept jours de lente possession de leur âme, ils seront à leur tour transformés en bête enragée...
A moins qu'ils ne trouvent, au cœur du territoire abandonné de Hadarfell, le fameux Roi des Fauves qui leur apparaît en songe, maigre "espoir dans cet abîme de confusion et de souffrance"...
Mon avis :
Atmosphère de légende nordique pour ce roman fantastique des temps archaïques.
Comme dans Animale de Victor Dixen, l'auteur reprend le personnage mythologique du berserkir mais en l'enrichissant, puisque la "victime" peut se transformer en n'importe quel animal (pas forcément un ours). Le début semble un peu long (il faut attendre 80 pages pour arriver à l'épisode de la "contamination"), car c'est à partir du moment où les héros luttent contre leur transformation en bête que le roman prend toute son ampleur.
L'histoire se déroule dans une ambiance sombre, en territoire hostile (dans une forêt, où il fait froid, les héros ont constamment faim, et peur), à une époque que l'on devine moyen-âgeuse (Ivar est apprenti forgeron, Kaya couturière et Oswald herboriste, on les enferme dans un donjon) et où prédomine la magie noire (il est question de rituel ancestral, de runes, de "démon-bouc")... Certaines scènes violentes et angoissantes font frissonner ! L'intrigue est prenante et pleine d'imprévus. Et surtout, il y a ce thème, très bien développé, de la métamorphose.
Si les trois amis sont inséparables, c'est le point de vue d'Ivar qui est adopté. Ivar est le plus solide du groupe, physiquement mais aussi mentalement. Dès le départ, c'est celui qui perçoit l'ombre d'humanité qui sommeille dans les berserkirs : "Il y a encore un homme en lui". Car les bêtes sont soumises par des plaques d'acier qui contrôlent leur folie meurtrière, celle-là même qu'Ivar sent affluer en lui par vagues : "Le parasite s'éveillait, convoqué par des émotions violentes". Entre quête et survie, les trois adolescents luttent contre la malédiction, "contre la bête grandissant en eux". Garder le contrôle de soi en toutes circonstances, conserver son humanité malgré l'adversité, voilà un excellent sujet de débat ! D'un autre côté, on est impatient de voir quel animal se cache en chacun d'eux. Car plus la métamorphose avance, plus les caractères se révèlent... Et c'est en acceptant cette part d'animalité que nos héros en maîtriseront le processus... ou pas.
Patricia Deschamps, avril 2016
L'avis de Michaël (14 ans, en 3e) :
J'ai adoré ce livre ! Si j"avais pu, j'aurais mis six étoiles ! J'ai trouvé ce roman trop court, j'aurais aimé que l'aventure se poursuive plus longtemps ! J'ai trouvé que les personnalités des trois amis étaient bien définies : ils sont très différents et justement se complètent bien. L'idée du parasite et des berserkirs est originale. Les actions sont très bien racontées, on entre tout de suite dans l'intrigue et on s'imagine bien les scènes. Certaines sont effrayantes et donnent des frissons ! Seul bémol : Ivar le forgeron fait un peu "super héros", il a une résistance physique et mentale hors du commun.
En tout cas, ce roman m'a donné envie de découvrir d'autres titres du même genre chez l'éditeur !
Mai 2016