- Le monde est infâme et méchant, dit enfin la vicomtesse. Aussitôt qu'un malheur nous arrive, il se rencontre toujours un ami prêt à venir nous le dire, et à nous fouiller le cœur avec un poignard en nous en faisant admirer le manche. Déjà le sarcasme, déjà les railleries !
Paris, 1819. La maison Vauquer est une pension qui abrite des personnages aussi différents que Jean-Joachim Goriot, vermicellier retraité entièrement dévoué à ses deux filles dont l'ingratitude le ronge ; le jeune Eugène de Rastignac, étudiant aux dent longues monté de sa province pour tenter d'intégrer la haute société parisienne, encouragé et aidé en cela par l'étrange Vautrin, autre pensionnaire au passé trouble.
Les destins de ces personnages vont s'entremêler et la sordide pension va devenir le théâtre de drames aussi terribles qu'inéluctables.
L'avis de Fabien, bibliothécaire :
Depuis la lecture, il y a 25 ans, du Lys dans la vallée (lecture qui m'avait plongé dans un ennui d'une intensité peu commune), je n'avais jamais rouvert un ouvrage de l'ami Balzac, persuadé d'être à jamais insensible à son oeuvre. A tort, car Le Père Goriot m'a passionné de bout en bout. Dés les premières lignes, le lecteur est captivé par la description minutieuse de la sinistre pension. Le décor scrupuleusement planté, Balzac nous présente des personnages très peu sympathiques à l'exception du Père Goriot, pauvre bougre dépassé par l'ambition sans scrupules de son entourage. Ainsi le lecteur va suivre l'arriviste Rastignac dans ses expéditions dans cette haute société (croquée par Balzac de manière impitoyable!) qui le fascine si bien qu'il est prêt aux pires manigances pour s'y faire une place, mais aussi et surtout assister à la lente déchéance du Père Goriot, dévasté par l'amour à sens unique qu'il porte à ses filles et qui va le mener jusqu'à la ruine et la maladie lors d'un déchirant final. Impitoyable, Balzac expose les bassesses de l'âme humaine avec un talent et une précision exceptionnelles. Féroce mais sensible, ce Père Goriot est à conseiller à qui ne saurait pas par où aborder l'oeuvre balzacienne.
Février 2019