Ce n'est pas un camp de Girl Scouts, ici !
Le Camp du Lac vert est un lieu perdu en plein désert américain où se trouve un centre d’éducation pour jeunes délinquants. Stanley Yelnats y est envoyé par le juge pour avoir volé une paire de baskets. Le voilà donc condamné à creuser chaque jour un trou de 1m50 de diamètre et de profondeur sous une chaleur écrasante, soi-disant pour lui « forger le caractère ».
Stanley n’a en fait rien d’un voyou et il est innocent du délit pour lequel on l’a arrêté. Il s’est simplement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Il faut dire qu’il est issu d’une famille dans laquelle la malchance se transmet, paraît-il, de génération en génération…
Mon avis :
A l'occasion de sa réédition dans la collection "Folio junior", c'est avec grand plaisir que j'ai relu ce roman d'initiation ! D'emblée on accroche au personnage de Stanley, cet adolescent réservé, malmené à cause de son poids, que l'on devine d'une grande gentillesse malgré l'adversité. Philosophe, il s'évertue à "tirer le meilleur parti de la situation".
Il règne une ambiance étrange au Camp du Lac Vert, cet endroit désertique au milieu de rien et un peu hors du temps, où évoluent des adultes et des adolescents à la personnalité atypique. Chacun est affublé d'un surnom (X-Ray, Aimant, Aisselle, Zéro...) et le groupe fonctionne selon une hiérarchie et des codes bien définis, indispensables certainement pour supporter ce quotidien qui n'est facile pour personne. Entre deux on remonte le temps, cent dix ans auparavant quand le lac existait encore, sur les traces des ancêtres de Stanley et d'une certaine Kate Barlow, "un des hors-la-loi les plus redoutés du Grand Ouest". Ce n'est qu'à la fin que le lien entre les deux époques sera donné, et qu'on comprendra pourquoi ces pauvres garçons s'escriment à creuser des trous en plein soleil toute la journée.
Entre temps le jeune Stanley aura bien évolué. Obligé de s'endurcir, d'un point de vue physique et "son cœur aussi", il comprendra l'importance de la persévérance ("Rien n'est facile dans la vie. Mais ce n'est pas une raison pour abandonner. Tu serais surpris de ce qu'on est capable d'accomplir quand on le décide vraiment.") mais aussi de la solidarité et de l'entraide. C'est certainement son copain Zéro qui représente le mieux toutes ces valeurs, lui le plus chétif, celui qui "n'avait personne. N'était personne" et qui pourtant se révélera le plus tenace et le plus fiable. A l'issue d'une ultime scène, angoissante, avec les fameux lézards à taches jaunes et aux yeux rouges tant redoutés, les deux camarades (en partie grâce à des oignons !) ressortiront transformés de cette expérience en plein désert texan : "Jamais il n'aurait pu faire une chose pareille quelques mois auparavant". Alors même si l'aventure aura été éprouvante, Stanley en ressortira convaincu : "C'était plus qu'une coïncidence. Ce ne pouvait être que le destin" !
Patricia Deschamps, octobre 2017
L'avis de Michaël, 16 ans :