- Mais en fait, tu es un génie très nul, non ?
"Je m'appelle Vladimir Poulain, j'ai dix ans et je vis le pire été de ma vie. Ma mère a décidé de m'expédier en colonie de vacances... « La Joie dans les bois », c'est un camp situé entre l'autoroute, un abattoir et une station d'épuration. En plus, je suis coincé dans une tente entre un gars qui pue des pieds et un autre qui parle en morse. Le directeur est un psychopathe qui nous oblige à nager avec des poissons morts et la cuisinière a des recettes très spéciales... Tout ça aurait pu virer à la catastrophe si je n'avais pas rencontré Eugène Von Génial, le génie enfermé dans ma lampe de poche. Grâce à lui, tout est devenu... mille fois pire !"
(Texte : 4e de couverture)
Mon avis :
Voilà longtemps que je ne m'étais pas autant amusée en lisant un livre ! Vladimir nous fait un récit vivant et surtout très drôle de ses désastreuses vacances dans sa colonie (cala)miteuse (merci maman...).
Les personnages sont truculents (Eustache, Gonzague, Johnny-Kylyan, c'est quoi ces prénoms ?!), entre le jeune directeur qui est tout sauf pédagogue (on dirait même qu'il déteste les enfants !), les monos pas motivés (et pour cause), la cuisinière allemande et à barbe aux allures de catcheuse, sans oublier les enfants un peu.. déséquilibrés (on comprend pourquoi les parents s'en débarrassent) ! Les répliques savoureuses fusent ("Les bizarreries, c'est souvent de famille") et les situations cocasses s'enchaînent dans cette colonie-déchetterie installée dans les locaux d'un abattoir désaffecté où traînent encore "du matos à désosser et quelques crochets qui servaient à suspendre les bêtes"... J'ai beaucoup aimé la visite de la ferme où la petite Nora alias "Ça me fait souffrir" (elle ne dit que ça) s'évanouit dans la bouse (et le moniteur lui "attrape les poignets et la traîne par les bras hors de l'étable dans un bruit de serpillière"...) et la super activité manuelle qui s'ensuit : se confectionner des chaussures avec les moyens du bord parce que Nico le dirlo a perdu celles qu'il avait confisquées avant de monter dans le car ! Et je ne parle même pas de la baignade forcée dans la rivière infestée de produits chimiques au milieu des poissons morts (servis un peu plus tôt au petit-déjeuner) !..
C'est à mi-parcours que le (soi-disant) génie fait son apparition dans un crépitement ("non, un grésillement") de lampe de poche. "De poche" : tout est dit. Le minuscule Eugène Von Génial n'est en effet pas capable d'exaucer autre chose que des "vœux... de poche". En cherchant à aider "maître Vladimir", il ne fait qu'empirer la situation (quoique, cela dépend pour qui). Heureusement tout est bien qui finit bien (trois fois!) et la verve d'Emilie Chazerand, doublée des excellents dessins de Joëlle Dreidemy (l'illustratrice de L'ogre à poil(s)), nous aura fait partager un délicieux délire !
Patricia Deschamps, août 2017