Ça ne sert à rien de bien se comporter. L'honnêteté est une idiotie, qui ne fait que nous affaiblir et nous désarmer...
Au parc, Ferdinand a frappé Bruno à coups de bâton, le blessant au visage. Les parents se rencontrent pour régler le litige dans l’appartement du blessé.
Au tout début, bienveillants et conciliants, ils tentent de tenir un discours commun de tolérance et d’excuse afin de résoudre à l'amiable le conflit entre leurs enfants.
Mais peu à peu le vernis craque, et derrière les apparences lisses, les quatre adultes se lâchent !..
Mon avis :
Les Houllié vs les Reille : match nul, balle au centre !
C'est dans le salon des Houllié, les parents de la "victime", que se déroule le "match". D'emblée, ce sont deux attitudes, deux éducations, deux mondes qui s'opposent derrière l'apparente amabilité. Face à Véronique l'hôtesse donneuse de leçon, Annette fait preuve d'humilité (après tout, c'est son fils qui a frappé), jouant les "arrondisseuses d'angles". A côté d'elle, son mari Alain admet volontiers que "notre fils est un sauvage", il minimise l'affaire (ce ne sont que des "querelles d'enfants", "de tout temps les gamins se sont castagnés dans les cours de récré"), ne semble pas vraiment concerné - d'ailleurs il passe son temps à répondre à des coups de fil professionnels.
Mais Véronique, qui croit aux "pouvoirs pacificateurs de la culture", tient à ce que Ferdinand soit "responsabilisé" par ses parents, plaçant dans ses répliques des reproches sous-jacents qui ne tardent pas à provoquer des réactions : "Madame, il faudrait beaucoup de choses", réplique le père, tandis que la mère, angoissée par la situation ("si nous souhaitons réprimander notre enfant, nous le faisons à notre façon et sans avoir de comptes à rendre"), se met à... vomir ("c'est nerveux") !..
C'est là que la situation dérape véritablement. Véronique, horrifiée de voir ses livres d'art souillés, s'inquiète davantage de leur état que de celui de son invitée. Profitant que celle-ci est dans la salle de bain avec son mari, la maîtresse de maison se lâche à les critiquer avec son mari Michel. Mais au retour des Reille, la tendance s'inverse: consciente que les Houllié ne sont "modérés qu'en surface", Annette tient à soulever "l'origine du problème" : "Vous vous efforcez de nous culpabiliser" mais "Ferdinand ne s'est jamais montré violent. Il ne peut pas l'avoir été sans raison.", "A mon avis, il y a des torts des deux côtés". Pour Véronique, c'en est trop : entendant ces réflexions insinuantes ("Vous pensez que mon fils est une balance ?"), elle fait tomber le masque de la civilité face à ces gens "qui devraient me savoir gré d'avoir ouvert les portes de ma maison dans un esprit de conciliation" : "On s'efforce d'échapper à la mesquinerie et on finit humilié", soutenue en cela par un Michel qui dès le départ désapprouvait l'initiative ("Je suis un caractériel pur").
La goutte de trop viendra d'un... hamster ! Sauvagement "mis à la rue" la veille par Michel, au grand dam de son épouse ("Tu es méchant."). Car le règlement de comptes entre les deux familles se transforment en pugilat au sein même des couples ! Chacun y va de son petit reproche, Annette ne supportant plus l'hyper-utilisation du téléphone par son mari : "Ce qui se passe à distance est toujours plus important" (que la vie familiale), tandis que Michel, reprochant à son épouse de toujours tout prendre trop au sérieux, affirme : "Le couple, la plus terrible épreuve que Dieu puisse nous infliger". Les hommes se soutiennent, les femmes prennent le partie l'une de l'autre tandis que le rhum coule à flots... jusqu'au clash final : "On vient pour arranger les choses et on se fait insulter, et brutaliser, et imposer des cours de citoyenneté planétaire, notre fils a bien fait de cogner le vôtre, et vos droits de l'homme je me torche avec !"...
Et sinon, régler un litige par tiers interposé, vous y avez pensé ?
Patricia Deschamps, août 2017