Le club des veufs noirs

nouvelles d'Isaac ASIMOV (1920-1992)

- Il y a ici une vieille règle qui stipule que rien de ce qui est dit ou fait dans cette pièce ne peut être répété à l'extérieur, quelles que soient les circonstances.

 

 Les six membres du « club des veufs noirs » ne sont pas nécessairement veufs ni même célibataires mais ils ne tolèrent aucune présence féminine à leurs petites réunions. Chaque mois, ce groupe d'amis se retrouvent entre eux pour dîner en présence d'un invité différent. A la fin du repas le convive est soumis à quelques questions... qui finissent toujours par soulever une énigme que les veufs noirs tentent de percer.

 

Voici douze histoires dans lesquelles les personnages rivalisent d'intelligence et de perspicacité pour résoudre ce qui semblait insoluble en apparence.

Mon avis :

Curieusement, ce n'est pas avec ses célèbres robots que j'ai découvert Asimov mais bien avec ce recueil de nouvelles, lu une première fois en 1995. Dans ces "réunions mensuelles résolument masculines", j'ai trouvé des personnages hauts en couleurs, beaucoup d'humour et des énigmes vraiment astucieuses! Si le déroulé des dîners est chaque fois identique, les anecdotes soumises aux Veufs Noirs tiennent en haleine jusqu'à ce que l'on ait le fin mot de l'histoire.

 

Un voleur de "tranquillité d'esprit", un tricheur à l'examen du doctorat, un collectionneur de pochettes d'allumettes, un spécialiste de phénomènes parapsychologiques... De mystérieux coups de marteau, une élection menacée de Miss Monde, un héritage trop bien caché, une énigme littéraire liée à Alice au pays des merveilles, un lapsus qui révèle une histoire de corruption dans l'armée, un conférencier de la NASA qui se fait voler des informations secrètes et même une affaire de meurtre: les personnages et situations évoqués sont plutôt variés et soulèvent bien des débats à table. Les six hommes, qui se connaissent bien, ont des échanges tempétueux très drôles et on s'amuse à les entendre s'envoyer des piques. Néanmoins le plus perspicace est sans conteste le plus discret: Henri le serveur, qui a l'art de poser un verdict aussi évident que pertinent après avoir laissé les autres élucubrer autour des hypothèses les plus farfelues.

 

Parfois les introductions semblent un peu longues tant on a hâte d'entrer dans le vif de l'énigme, cependant il arrive que des indices y soient disséminés l'air de rien! Par ailleurs chaque nouvelle se termine par une "remarque" (un peu inutile) de l'auteur qui précise le contexte d'écriture du récit ou une anecdote qui y est liée, cependant on sent qu'il se délecte avant tout de "dialoguer" avec son lecteur (et de se mettre en avant!). J'ai bien aimé son autodérision dans "Ce qu'il montrait du doigt" où il se présente comme "un écrivain de science-fiction d'une vanité pathologique"!

Bref on passe un bon moment avec ce recueil où les héros résolvent des énigmes depuis leur restaurant à la manière d'une Miss Marple dans son salon (les références à Agatha Christie sont d'ailleurs nombreuses)! 

Patricia Deschamps, décembre 2019

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