La rivière de satin

roman de Jean-François CHABAS

Didier jeunesse, 2019, 192 p.
Didier jeunesse, 2019, 192 p.

Sine, 15 ans, se retrouve orpheline et contrainte de quitter New-York pour aller vivre à Hawaï chez son abjecte grand-mère Abigail, acariâtre et raciste.

 

A peine a-t-elle le temps de poser ses valises, que le volcan de l'île se réveille et plonge l'archipel dans le chaos le plus total.

 

Au cœur de ce décor apocalyptique, Sine croise la route du jeune Holokai, dont le charisme et "l'aloha spirit" provoquent immédiatement en elle un séisme... amoureux.

 (4e de couverture)

Mon avis :

Ambiance de fin du monde à Hawai'i.

Plusieurs thématiques intéressantes sont évoquées dans ce roman. Tout d'abord le difficile deuil de l'héroïne qui vient de perdre ses parents et dont le traumatisme a déclenché la maladie de Todd ou syndrome d'Alice au pays des merveilles: le stress, les émotions violentes, lui déclenchent de terribles migraines avec distorsions visuelles (comme Lewis Carroll lui-même). Et ce n'est pas sa grand-mère Abigail qui va arranger les choses! La vieille femme l'a recueillie par obligation ("Mes parents sont morts. Personne dans la famille ne veut de moi.") et ne facilite pas du tout son intégration. Les relations entre elles deux sont tendues voire explosives, car Sine, élevée dans le Queens à New York, n'a pas pour habitude de se laisser faire! D'autant plus que Abigail est fondamentalement raciste ("On ne trouvait pas de Polynésiens à Waikoloa Paradise") alors que l'adolescente est habituée à la mixité ethnique. Enfin il y a bien sûr la culture polynésienne que Sine découvre au fil de ses rencontres.

 

Cependant aucune de ces thématiques n'est véritablement développée. Le roman passe rapidement en mode apocalyptique avec le réveil du volcan et j'avoue avoir peu à peu décroché. Coulées de lave, pluie de roches en fusions, effondrements des routes et des falaises, tsunami... L'héroïne évolue en plein chaos mais se sort toujours miraculeusement de tous les dangers, notamment grâce à Holokai, jeune et séduisant Polynésien plein de ressources. Le personnage nous plonge ici et là dans l'esprit de son peuple (il croit que la maladie de Sine est en fait une capacité à communiquer avec "l'autre monde", il est persuadé de pouvoir changer Abigail grâce à "une cérémonie du pardon et de la réconciliation") mais une fois encore, l'idée n'est pas pleinement exploitée. Et puis le récit change brutalement de perspective puisque c'est soudain une Sine adulte qui nous raconte la catastrophe rétrospectivement.

Ainsi, malgré de bonnes idées de départ, ce roman n'a pas su m'accrocher.

Janvier 2020


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