Paris, début du 20e siècle. Au cœur de l'île St Louis vit Bénédict Masson, un relieur intelligent et sensible, malheureusement doté d'un physique repoussant. Il se meurt d'amour pour sa voisine la belle Christine, fille de l'horloger et fiancée au brillant savant Jacques Cotentin.
Un soir, il entend une violente dispute entre Christine et son père. C'est que Christine est amoureuse d'un bien étrange personnage nommé Gabriel, mutique et froid, qu'elle cache dans sa chambre et cette situation pour le moins curieuse intrigue fortement Benedict. En voulant savoir le fin mot de l'affaire, Benedict va se trouver emporté dans une aventure terrible et fantastique qui risque de lui faire perdre la raison...
L'avis de Fabien, bibliothécaire :
Paru dans un premier temps en feuilleton dans le quotidien "Le Matin" durant l'année 1923, La poupée sanglante et sa suite La machine à assassiner figurent parmi les derniers romans du prolifique Gaston Leroux. On retrouve d'ailleurs avec plaisir les descriptions typiques d'un Paris nocturne, inquiétant et gothique, qui plongent le lecteur dans une atmosphère inquiétante dès les premières lignes. Benedict, le disgracieux relieur amoureux et sensible (enfin... On le soupçonne tout de même d'être un redoutable tueur en série!) n'est pas non plus sans rappeler Erik, le Fantôme de l'Opéra. Il est d'ailleurs évident que Leroux s'est surtout attaché à ce personnage tourmenté au point de traiter les autres avec une certaine désinvolture. La légèreté avec laquelle il évoque l'évanescente Christine (qui atteint des sommets de nunucherie dans le tome 2) ou son fiancé le savant Jacques Cotentin (qui, tout savant qu'il soit, s'avère être surtout un bel empoté) surprend au début. Et cette distance un brin moqueuse, si elle apporte de nombreuses notes d'humour, se retourne finalement quelque peu contre le roman et l'ambiance inquiétante s'en trouve légèrement gâchée, plus précisément dans le tome 2 où les rebondissements et explications abracadabrantes s'enchaînent. Néanmoins on passe un très bon moment à la lecture de ce "Frankenstein" français même si, et ça c'est très subjectif, on aurait préféré un autre traitement de l'histoire.
Avril 2020