Le vieux roi Tsongor s'apprête à marier son unique fille, Samilia, avec Kouame, roi des terres du sel, et ainsi unir son empire à un autre autrement que par la guerre.
Mais en ce jour heureux de fiançailles se présente un autre homme: Sango Kerim, que la roi a toujours choyé comme son cinquième fils. Parti découvrir le monde, le jeune homme est de retour pour épouser Samilia, comme ils se l'étaient promis enfants.
Peu importe lequel des deux prétendants Tsongor choisira pour sa fille, la guerre éclatera. Pour l'éviter, le roi préfère encore la mort. Il confie alors des instructions à son fils cadet Souba et à son vieux serviteur Katabolonga.
Mon avis :
C'est ma fille qui m'a conseillé ce roman qu'elle a étudié en classe, et elle a bien fait! J'ai trouvé beaucoup d'intensité au texte, ainsi que dans les émotions. L'ambiance est africaine mais on est dans la lignée des grandes tragédies grecques et shakespeariennes.
Tout commence avec un pacte (entre le roi Tsongor et son serviteur Katabolonga qui "lui rappelait sans cesse ses crimes et le deuil"), un serment (celui que Samilia, enfant, a fait à Sango Kerim de l'épouser) puis une promesse (de Souba, chargé de faire construire sept tombeaux pour son père). Il est donc essentiellement question d'engagement et d'honneur, de parole donnée qu'il convient de respecter. Même si la mission du jeune Souba ressemble davantage à une malédiction ("C'était une punition que le jeune homme ne méritait pas")... Celui-ci finira par y trouver un sens ("Sept tombeaux comme les sept visages de son père") mais j'avoue n'avoir pas compris l'intérêt de la démarche.
Le triangle amoureux (Samilia/Sango Kerim/Kouame) est aussi un leitmotiv des tragédies. L'histoire m'a rappelé celle de la guerre de Troie (Hélène/Ménélas/Pâris). J'ai beaucoup aimé les apparitions de l'âme errante de Tsongor (comme le fantôme de Hamlet). L'intrigue enchaîne drame sur drame et l'on voit poindre la moralité de l'œuvre au fur et à mesure que se désagrège le clan Tsongor, la guerre entre les deux prétendants se propageant au sein même de la famille: "Tout brûle", "Il n'y a pas de victoire". Seule demeurera "la vie saccagée", véritable carnage dû à l'orgueil et la soif de pouvoir des hommes.
Patricia Deschamps, août 2021